L'avenir de la colossale fortune de Silvio Berlusconi est désormais connu. Le testament du milliardaire et ancien Premier ministre italien a été rendu public jeudi dernier par l'agence italienne Ansa. Le patrimoine du "Cavaliere", estimé à 6,4 milliards d'euros par le magazine Forbes, comprend notamment la holding familiale Fininvest, avec laquelle il possède des médias (l'ex-groupe Mediaset), un puissant éditeur (Mondarori) ou encore de nombreux biens immobiliers.
Silvio Berlusconi a notamment légué 100 millions d'euros à sa dernière compagne, âgée de 33 ans. Marta Fascina, que Berlusconi appelait "ma femme" même s'ils n'étaient pas mariés, est aussi députée du parti Forza Italia fondé par le milliardaire. Elle bénéficie ainsi d'un legs important, mais somme tout modeste comparé au patrimoine total de l'ex-Premier ministre italien.
L'essentiel de la fortune de Silvio Berlusconi ira à ses cinq enfants issus de deux mariages. Marina et Pier Silvio Berlusconi, nés du premier mariage du magnat des médias avec Carla Dall'Oglio, auront ensemble une part de 53% de la holding familiale Fininvest, l'une des plus puissantes holdings financières italiennes. Les trois autres enfants, Luigi, Eleonora et Barbara, issus du second mariage avec l'ex-actrice Veronica Lario, contrôleront ensemble les 47% restants.
La holding familiale contrôle une myriade de sociétés, dont le groupe de télévision MediaForEurope (ex-Mediaset), dirigé par Pier Silvio Berlusconi, les éditions Mondadori, présidées par Marina Berlusconi, et la banque Mediolanum. Le bénéfice net de la holding familiale a baissé de 44% à 200,2 millions d'euros l'an dernier alors que son chiffre d'affaires est resté quasiment stable à 3,82 milliards d'euros.
Le testament de Berlusconi était accompagné d'un mot manuscrit destiné à ses enfants : "Merci, tant d'amour pour vous tous, votre papa". Le frère de l'ex-président du Conseil a lui reçu 100 millions d'euros.
Le testament de Silvio Berlusconi comprend également un legs important, de 30 millions d'euros, au sulfureux Marcello Dell'Utri. Cet ami de longue date et associé du "Cavaliere" a co-fondé le parti Forza Italia dans le milieu des années 1990, avant de devenir député européen et sénateur italien. Marcello Dell'Utri est surtout connu pour avoir passé plusieurs années en prison pour ses liens avec la mafia sicilienne.
Cet homme, lui même d'origine sicilienne, aurait permis à Silvio Berlusconi de rencontrer des mafieux de Cosa Nostra dans les années 1970. Le but : éviter que des proches de Berlusconi ne subissent d'enlèvements, à une époque où ils étaient monnaie courante en Italie. Selon le quotidien suisse Le Temps, "le futur magnat des médias et président du Conseil aurait donc payé d’importantes sommes d’argent pour s’assurer la protection de la mafia".
Les enquêteurs italiens ont également soupçonné la Costa Nostra d'avoir investi dans les affaires de Silvio Berlusconi, sans jamais pouvoir le prouver. Marcello Dell'Utri a, lui, été condamné en 2014 à sept ans de prison pour "complicité d'association mafieuse", après des années de procédures et une fuite de quelques semaines au Liban. L'agence de presse Ansa, elle, qualifie Dell'Uttri de "gardien, selon les enquêteurs, des secrets sur les relations dangereuses entre Silvio Berlusconi et Cosa Nostra". Des secrets qui ne seront, peut-être, jamais percés.
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