Au lendemain des violents séismes qui ont frappé la Turquie et la Syrie, les opérations de secours se poursuivent pour tenter de retrouver des survivants dans les décombres. Selon un bilan toujours provisoire, plus de 7.000 personnes sont mortes et près de 20.000 ont été blessées.
En Turquie, on dénombre pour le moment 5.434 morts et 15.834 blessés, selon l'Afad, organisme officiel de secours turc.
En Syrie voisine, dans la partie contrôlée par les forces gouvernementales, le bilan a grimpé à "1.431 blessés et 711 morts dans les provinces d'Alep, Lattaquié, Hama, Tartous", a indiqué le ministère syrien de la Santé. Dans les zones sous contrôle des rebelles, au moins 733 personnes ont été tuées et plus de 2.100 blessées, selon les Casques blancs (volontaires de la protection civile).
Quelque 23 millions de personnes pourraient être touchées par ces séismes, a indiqué l'OMS, promettant son soutien sur le long terme après l'envoi d'aide d'urgence. Ce mardi, le président turc, Recep Tayyip Erdogan a déclaré l'état d'urgence dans les dix provinces touchées par le séisme.
Les secours s'acharnent dans le froid, sous la pluie battante ou la neige, parfois à mains nues, pour sauver chaque vie qui pouvait l'être, comme cette enfant de sept ans sortie des ruines à Hatay (sud), à la frontière syrienne, sous les yeux de l'AFP, après plus de 20 heures de terreur, le pyjama maculé de poussière. "Où est ma maman ?", a-t-elle dit au secouriste qui la tenait dans les bras.
Le mauvais temps qui plane sur l'Anatolie complique la tâche des secours et rend le sort des rescapés plus amer encore, grelottant sous des tentes ou autour de braseros improvisés.
À Antioche notre envoyé spécial témoigne de scènes de chaos. Il décrit "un vaste champ de ruines" où "des immeubles se sont effondrés par quartiers entiers." Toute la nuit, des répliques de faible intensité ont eu lieu. Au milieu des recherches qui se poursuivent, "parfois, un visage émerge sous les gravats. Les volontaires s'échinent. Sans matériel adéquat, ils ne dorment plus, ne mangent pas et tremblent de froid". Démunis, un homme crie : "Où est l'État ? Où est Erdogan ?"
Mardi matin, ambulances et camions militaires ont commencé à affluer en nombre par des routes défoncées, parfois impraticables. "Antioche résonne des pleurs et des prénoms des parents disparus sous les décombres que leurs proches s'acharnent à appeler désespérément."
L'aide internationale à la Turquie doit commencer à arriver mardi avec les premières équipes de secouristes, de France et du Qatar notamment. Le président américain Joe Biden a promis à son homologue Recep Tayyip Erdogan "toute l'aide nécessaire, quelle qu'elle soit".
Les Français envisageaient de se rendre en particulier à Kahramanmaras, épicentre du premier séisme, région difficile d'accès et profondément meurtrie ensevelie sous la neige. Selon le président turc, 45 pays ont proposé leur aide.
En revanche en Syrie, l'appel lancé par les autorités de Damas a été surtout entendu par son allié russe, promettant des équipes de secours "dans les prochaines heures", alors que selon l'armée, plus de 300 militaires russes sont déjà sur les lieux pour aider les secours.
L'ONU a également réagi, mais en insistant que l'aide fournie irait "à tous les Syriens sur tout le territoire", dont une partie n'est pas sous le contrôle du gouvernement. Dans ces zones tenues par les rebelles, frontalières de la Turquie au nord-ouest de la Syrie, au moins 700 morts ont été dénombrés. Profitant du chaos créé par le tremblement de terre, une vingtaine de combattants présumés du groupe État islamique (EI) se sont évadés d'une prison militaire à Rajo, contrôlée par des rebelles pro-turcs.
Les bilans de part et d'autre de la frontière n'ont cessé de s'alourdir et compte tenu de l'ampleur des dégâts ils devraient augmenter au fur et à mesure des recherches. Rien qu'en Turquie, les autorités ont dénombré près de 5.000 immeubles effondrés. Et la chute radicale des températures fait courir un risque supplémentaire d'hypothermie aux blessés, coincés dans les ruines.
L'Organisation mondiale de la santé a dit elle-même s'attendre au pire et redouter "des bilans huit fois plus élevés que les nombres initiaux". Dans la journée de lundi, pas moins de 185 répliques ont été enregistrées, consécutives aux deux premières secousses : l'une de 7,8 survenue en pleine nuit, l'autre, de magnitude 7,5, à la mi-journée, les deux dans le sud-est de la Turquie. Plusieurs répliques ont été enregistrées dans la nuit, mardi avant l'aube.
Des dortoirs ont été ouverts par les autorités locales dans les gymnases ou les collèges ou même dans les mosquées afin d'héberger les rescapés. Mais par crainte de nouveaux séismes, nombre d'habitants ont préféré passer la nuit dehors, comme à Sanliurfa, dans le sud-est turc.
Ce séisme est le plus important en Turquie depuis le tremblement de terre du 17 août 1999, qui avait causé la mort de 17.000 personnes, dont un millier à Istanbul. Le chef de l'État turc a décrété un deuil national de sept jours et la fermeture des écoles pour la semaine.
RTL relaie l'appel de la Fondation de France qui lance un appel aux dons pour apporter une aide d'urgence. 100.000 € ont déjà été mobilisés. Si vous souhaitez venir en aide aux victimes, aux familles, vous pouvez donner vous rendre sur le site de la Fondation de France.