L'entente cordiale serait-elle sur le point de se fissurer un peu plus ? Liz Truss ne se prononce pas encore. Mais à la question 'Emmanuel Macron est-il un "ami ou ennemi" du Royaume-Uni ?', la favorite de la course au poste de Premier ministre refuse encore de répondre. L'actuelle ministre des Affaires étrangères, candidate conservatrice à la succession de Boris Johnson, jugera le président français "sur ses actes".
"Le Royaume-Uni est une nation amie, forte et alliée, quels que soient ses dirigeants", a réagi Emmanuel Macron vendredi 26 août depuis Alger. Se dirige-t-on vers une nouvelle "Dame de Fer" à Downing Street ? Nous n'en sommes pas encore là. Celle qui est toujours cheffe de la diplomatie de son pays, dans un gouvernement gérant les affaires courantes, aspire à succéder au Premier ministre démissionnaire. Pour cela, elle doit recueillir une majorité des voix de quelque 200.000 militants conservateurs. L'élection est en cours et son résultat sera connu le 5 septembre.
Dans cette dernière ligne droite vers le pouvoir, Liz Truss est opposée à l'ancien ministre de l'Économie Rishi Sunak, distancé de 30 points par sa rivale dans les derniers sondages, et pour qui Macron est bien un "ami" du pays. Le 5 septembre prochain s'annonce donc aussi crucial pour les futures relations transmanches.
Car de nombreux dossiers de contentieux existent entre la France et le Royaume-Uni, notamment la gestion des dossiers de l'après-Brexit, que ce soient la pêche ou l'Irlande du Nord. Les deux pays, alliés au sein de l'Otan, ont également eu des approches différentes face à l'invasion russe de l'Ukraine, Boris Johnson adoptant une ligne très dure contre Vladimir Poutine tandis que le président français a défendu la nécessité de garder le dialogue ouvert avec le Kremlin.
La relation entre Paris et Londres est aussi au cœur de la crise énergétique que traverse actuellement le Royaume-Uni, où les prix flambent sous l'effet de l'explosion des tarifs du gaz. Le pays doit construire de nouvelles centrales nucléaires, estime Liz Truss, tout en déplorant le fait qu'il ait perdu son expertise en la matière. Pour ce faire, "si le choix est de dépendre de la France ou de la Chine, je choisirai la France", a lancé cette admiratrice de Margaret Thatcher, qui semble bien partie pour lui succéder.
Car début septembre, Liz Truss, 47 ans, deviendra peut-être la troisième femme à la tête d'un gouvernement au Royaume-Uni. Comme la "Dame de Fer", Première ministre de 1979 à 1990, Liz Truss est une championne du libre-échange et fait campagne en voulant incarner l'essence du conservatisme britannique.
Ministre des Affaires étrangères, elle est allée jusqu'à imiter Margaret Thatcher en posant en chapka sur la place rouge en février dernier, lors d'un voyage à Moscou qui s'est
soldé par un fiasco diplomatique. Aux côtés de Boris Johnson, Liz Truss incarne depuis le soutien massif du Royaume-Uni à Kiev. Cette femme "à poigne" s'est aussi illustrée par son attitude d'abord conciliante puis
intransigeante face à l'Union européenne dans les délicates négociations sur
les dispositions post-Brexit concernant l'Irlande du
Nord.
Née le 26 juillet 1975, mariée et mère de deux filles, "Liz n'a pas peur de dire ce qu'elle pense, et croit que délivrer les gens d'une paperasserie pesante pour lancer et faire croître des entreprises est la clé de notre avenir économique", vante son site internet. Après une dizaine d'années dans le privé (comme directrice commerciale notamment), elle est d'abord conseillère locale dans le sud-est de Londres puis devient députée en 2010.
En 2012, elle entre au gouvernement et enchaîne depuis les portefeuilles, d'abord secrétaire d'État à l'Éducation, puis ministre de l'Environnement de 2014 à 2016 . Elle devient aussi la première femme ministre de la Justice, puis secrétaire en chef du Trésor.
Sa présence dans les rangs conservateurs est pourtant loin d'aller de soi. Liz Truss a grandi dans un milieu très à gauche. À la prestigieuse université d'Oxford, dont elle est diplômée en politique et économie, elle préside le groupe des europhiles libéraux-démocrates, un temps partisan d'un second référendum sur le Brexit.
De son propre aveu, elle provoque la stupeur de ses parents (un père professeur universitaire de mathématiques et une mère militant pour le désarmement nucléaire, qu'elle accompagne enfant à des manifestations), en se positionnant en fin de compte franchement à droite. Les tories, dont elle devient rapidement une étoile montante, conviennent mieux à cette partisane d'une faible taxation. "Ma philosophie personnelle", confie-t-elle au Guardian, "c'est de donner aux gens l'opportunité de prendre leurs propres décisions".
Commentaires
Afin d'assurer la sécurité et la qualité de ce site, nous vous demandons de vous identifier pour laisser vos commentaires.
Cette inscription sera valable sur le site RTL.fr.