Présidentielle américaine : pourquoi Kamala Harris évite de (trop) parler de son père

PODCAST - Le 5 novembre 2024, Donald Trump et Kamala Harris s'affronteront pour la Maison-Blanche. Une campagne, où la démocrate évite de trop mentionner son père, l'économiste Donald Harris.

Kamala Harris s'exprime lors d'un meeting de campagne à l'Enmarket Arena le 29 août 2024, au cours d'une tournée en bus de deux jour en Géorgie.

Crédit : SAUL LOEB / AFP

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Enfant, Kamala Harris avait accompagné son père à un concert de Bob Marley sur le campus de Berkeley. Au delà de l'anecdote, qui rappelle ses racines jamaïcaines, la candidate démocrate à la Maison Blanche ne mentionne que très rarement ce père de 86 ans, économiste et intellectuel de gauche, toujours en vie, et résidant à Washington.

"Elle parle peu de lui", observe Corine Lesnes, correspondante du Monde aux États-Unis. Après la séparation de ses parents en 1973, quand elle n'avait que sept ans, la futur candidate est allée vivre avec sa mère, d'origine indienne, Shyamala Gopalan, Une femme forte et scientifique de renom, décédée en 2009, et qu'elle dit être sa principale source d'inspiration. "Le divorce a été contentieux. Ils se sont battus pour qui allait garder les livres", précise la journaliste.

Aujourd'hui encore, Kamala Harris se garde de trop évoquer cette partie de sa vie, sans doute en raison des convictions politiques de son père. Connu pour son "obédience marxiste assez radicale", Donald Harris est aussi "le premier économiste noir à avoir une chaire à l’université Stanford", indique Corine Lesnes. Une petite révolution dans le monde universitaire à l'époque : "les étudiants et les professeurs se sont mobilisé pour qu'il puisse avoir une chaire permanente".

Un père de gauche et discret

"Ce n'est pas forcément quelque chose que Kamala Harris a envie d'afficher", commente-elle. Dans ce pays, où l'économie libérale est reine, les idées marxistes sont radioactives pour faire carrière en politique. Et la candidate californienne, que Donald Trump aime qualifier de "radicale", ne veut manifestement pas plus prêter le flanc aux attaques républicaines.

Donald Harris, lui-même, a de son côté adopté une certaine discrétion. En 2019, après avoir critiqué dans un journal "le poids du capitalisme sur les économies du tiers-monde", il avait finalement "annoncé qu'il ne parlerait plus aux médias", comprenant que ses opinions pourraient nuire à la carrière politique de sa fille.

À l'époque, un autre sujet de tensions était né entre le père et la fille. Kamala Harris avait évoqué avec humour ses origines pour justifier son rapport à la marijuana, déclarant qu'elle avait fumé "parce qu'étant d'origine jamaïcaine". Cette plaisanterie n’avait pas plu à son père, qui y avait vu un cliché réducteur. "Il l'avait mal pris parce que c'est l'histoire de son pays", raconte Corine Lesnes.