Après quatorze mois de guerre en Ukraine, "un grand nombre de Russes sont résignés", assure Ksenia Bolchakova, journaliste d'investigation russe. "Ces personnes réalisent qu'elles n'ont pas vraiment de pouvoir face à la machine d'État, face à la volonté de Vladimir Poutine. Et puis, il y a aussi cette culture, en Russie, de se dire que le peuple n'a pas beaucoup d'influence, ni de pouvoir", analyse-t-elle.
Seulement, pour Ksenia Bolchakova, "cette résignation n'est pas venue du jour au lendemain et n'est pas que liée à la guerre". "Il y a, depuis longtemps, une absence de culture politique en Russie, notamment parce que nous n'avons jamais eu de vraie démocratie", souligne-t-elle.
Un sentiment qui s'est accentué depuis le début de la guerre. "La répression a été extrêmement sévère", rappelle la journaliste. "Les personnes qui ont osé manifester contre la guerre se sont retrouvées derrière les barreaux. Les opposants politiques sont soit mort, soit en prison, soit en exil. Dès lors, les gens ont tellement peur qu'ils préfèrent rester terrés chez eux..."
Et en parallèle, la frange de la population qui pouvait protester ou qui était contre la guerre est tout simplement partie. Les Russes sont ainsi partagés entre des sentiments de peur, d'indifférence et d'indignation.
Ksenia Bolchakova dénonce également le matraquage à l'œuvre dans les médias, mais aussi dans les écoles. "La propagande s'est infiltrée dans l'enceinte scolaire", assure-t-elle ainsi.
Elle détaille : "depuis 2014 et l'annexion de la Crimée, a été mis en place tout un programme militaro-patriotique qui consiste à encourager les parents à inscrire leurs enfants à des activités péri-scolaires liées à l'armée. Dans ces camps, qui ressemblent à des camps scouts, on y apprend à manier les armes, mais surtout qu'il faut être prêt à mourir pour la Nation." Une idée largement véhiculée dans la tête des enfants.
Le mouvement de jeunesse patriotique Younarmia, qui accueille les enfants dès six ans, compte ainsi plus d'1,5 million d'enfants à travers la Russie. "Ils sont implantés partout, dans toutes les régions et les enfants portent des uniformes jaunes et rouges, qui ne sont pas sans rappelés ceux des Jeunesses hitlériennes." En son sein, les bambins sont "matraqués d'une idéologie mortifère et poussés à penser qu'il est important de mourir pour la patrie".
À la veille de la commémoration de la fin de la Seconde Guerre mondiale, Ksenia Bolchakova s'insurge. "Le 9 mai 1945, c'est une fête primordiale dans l'esprit collectif puisque toutes les familles russes ont un proche qui est mort durant cette guerre. C'est donc un événement qui parle à tout le monde."
"Mais ce qu'a fait Vladimir Poutine, c'est d'instrumentaliser cette victoire et de dévoyer la mémoire des morts et le sacrifie énorme de l'URSS dans cette guerre pour justifier la guerre en Ukraine. On dit aux jeunes qu'il faut répéter l'exploit de leur grand-père et cette idéologie a remplacé le 'plus jamais ça' que l'on transmettait de génération en génération", dénonce-t-elle.
Bienvenue sur RTL
Ne manquez rien de l'actualité en activant les notifications sur votre navigateur
Cliquez sur “Autoriser” pour poursuivre votre navigation en recevant des notifications. Vous recevrez ponctuellement sous forme de notifciation des actualités RTL. Pour vous désabonner, modifier vos préférences, rendez-vous à tout moment dans le centre de notification de votre équipement.
Bienvenue sur RTL
Rejoignez la communauté RTL, RTL2 et Fun Radio pour profiter du meilleur de la radio
Je crée mon compte