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Emmanuel Macron, le 12 décembre 2024 en Pologne
Crédit : Wojtek RADWANSKI / AFP
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“On a oublié de nous dire merci”. Cette phrase prononcée par Emmanuel Macron devant les ambassadeurs français réunis à Paris semblait être passée inaperçue. Mais du Tchad au Sénégal, les dirigeants africains ont immédiatement fustigé un néocolonialisme de la part du chef de l'État.
Devant ses ambassadeurs, Emmanuel Macron a exprimé sa colère alors que 58 soldats français ont été tués lors des opérations anti-djihadiste de 2013 à 2022 au Sahel, que ce soit au Mali, au Niger ou au Burkina Faso, autant d’États où notre pays a dû, depuis, battre en retraite.
Emmanuel Macron accuse donc ses homologues africains d’être ingrats. "Je crois qu’il se trompe d’époque", lui a répondu le président tchadien Mahamat Idriss Déby, qui s’est dit "indigné" par un tel mépris envers l’Afrique. "La France n’a ni la capacité ni la légitimité pour assurer à l’Afrique sa sécurité", a renchéri le premier ministre Ousmane Sonko du Sénégal, pays dans lequel la France a dû, là-encore, en novembre dernier fermer ses bases militaires.
Et c’est sur cette question de la fermeture de nos bases que nait une grande partie de l’incompréhension avec nos partenaires africains. En effet, la France dit : "c’est nous qui sommes partis de notre plein gré". "Et parfois, il a fallu pousser les Africains", affirme Emmanuel Macron qui en rajoute en disant : "mais comme on est très polis, on leur a laissé la primauté" de l’annonce.
Ulcérés, les Africains assurent que ce sont au contraire les Français qui ont été poussés au départ. Alors qui dit vrai ? "C’est eux qui nous ont poussé dehors", confiait le 9 janvier un militaire français familier de l’Afrique. Les raisons sont connues. Si l’opération Barkhane a remporté des succès contre les djihadistes, elle n’a pas été adossée à une politique de développement efficace au Sahel.
Il y a aussi l’instrumentalisation russe de nos insuffisances à quoi s’ajoute un ressentiment populaire issu de l’obtention des visas pour la France de plus en plus difficile. De quoi nourrir la formule qui a fait florès en Afrique : "les Français dehors !".
Au-delà de l’incompréhension, il y a aussi chez Emmanuel Macron des problèmes de forme. Des problèmes dans les relations que le président de la République a pu avoir avec certains chefs d’État africains lors de scènes restées dans les mémoires.
À Ouagadougou par exemple, la capitale du Burkina Faso, en 2017, lorsque le nouveau président de la République expose sa politique africaine. Il fait chaud dans la salle, son homologue sort. Emmanuel Macron lance alors devant le parterre d’étudiants qui l’écoute : "il est parti réparer la climatisation". Humiliation encore lors de sommets où le jeune président intime à certains homologues beaucoup plus âgés de faire ceci ou cela.
Avec l’Afrique, Emmanuel Macron n’a pas compris qu’on n’était pas dans la commémoration d’une histoire commune, mais dans une séquence d’histoire aujourd’hui fracturée. Jusqu’alors, il se taisait sur les reproches des leaders africains vis-à-vis de la France. Il a choisi de crever l’abcès… Quitte à dégrader encore l’image de notre pays dans cette région du monde.
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