Manifestations, état d'urgence, crise politique... Que se passe-t-il en ce moment au Pérou ?

Le Pérou en proie à une crise sans précédent. Le nouveau gouvernement péruvien a annoncé jeudi 16 octobre son intention d'instaurer l'état d'urgence dans la capitale, Lima, alors que les manifestations s'intensifient depuis un mois contre l'instabilité politique et l'explosion de la violence liée au crime organisé. Le chef du gouvernement de transition, Ernesto Alvarez, a ajouté qu'il "n'exclut pas" la mise en place d'un couvre-feu dans l'agglomération de 10 millions d'habitants. 

La violence a atteint son paroxysme mercredi lors d'une mobilisation où des heurts ont éclaté entre manifestants et forces de l'ordre à Lima, causant 113 blessés, aussi bien du côté des civils que des forces de l'ordre. 

Un homme de 32 ans a été tué par un tir, attribué à un policier en civil, selon l'ONG Coordinadora Nacional de Derechos Humanos. Jeudi, le chef de la police a confirmé lors d'une conférence de presse qu'un sous-officier était bien à l'origine du tir mortel. 

La présidente destituée

Mercredi, des milliers de personnes à travers le pays s'étaient rassemblées à l'appel du mouvement "Génération Z", symbole de la contestation mondiale des jeunes contre leurs gouvernements, ralliés sous le drapeau du manga One Piece, dont le héros Luffy s'oppose à des groupes dominants. Les organisations féministes faisaient aussi partie du cortège, mobilisées contre le nouveau président qui a fait l'objet d'une plainte pour viol, classée sans suite en août par le parquet.

Outre l'instabilité politique, les manifestations protestent également contre le nombre sans précédent d'assassinats et de cas de rackets imputés au crime organisé. Une crise qui affecte notamment les transports, avec au moins 47 chauffeurs de bus assassinés depuis janvier sur fond d'extorsion.

La situation actuelle au Pérou a précipité la destitution de la présidente, Dina Boluarte, le 10 octobre dernier. Le président du parlement péruvien, José Jeri, a alors pris la présidence par intérim, qu'il assurera jusqu'à en juillet 2026. Il s'est présenté jeudi devant le Congrès péruvien pour demander des pouvoirs spéciaux, qui lui permettraient de faire approuver des mesures d'urgence sans l'aval des parlementaires.

Des élections en 2026

Après sa prise de fonction, le président par intérim a nommé en début de semaine l'ancien général Vicente Tiburcio, désormais retraité, à la tête du ministère de l'Intérieur. Il a notamment lutté contre le Sentier Lumineux, guérilla maoïste réprimée dans le sang.

Des élections générales se tiendront au Pérou en avril 2026, date prévue avant la destitution de Dina Boluarte. Le maire ultra-conservateur de Lima, Rafael Lopez Aliaga, surnommé "Porky" en référence à un personnage des dessins animés Looney Tunes, a d'ores et déjà annoncé sa démission pour se porter candidat à la présidence. 

À la tête de son parti d'extrême droite "Renovacion Popular", Rafael Lopez Aliaga se présentera pour la deuxième fois à la présidence, après 2021. Cet entrepreneur millionnaire, fidèle de l'Opus Dei, au discours de fermeté contre le crime organisé, est pour le moment en tête des sondages d'opinion.

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