Au Japon, le riz n’est pas seulement un aliment, c'est la base des repas. Le même mot, "gohan", signifie à la fois "riz" et "repas". Le matin, il ouvre la journée, blanc et simple, accompagné d’une soupe miso et de légumes croquants ou même d'un peu de poisson.
À midi, il garnit les bentos, nourrit les écoliers et épaule les travailleurs. Le soir, il est fumant au centre de la table, réunissant les familles. Sans riz, le Japon ne mange pas. Or, aujourd'hui, le riz se fait rare.
La production traverse une crise historique, comme le rapporte le correspondant du journal Le Figaro. À Tokyo, Osaka, Kyoto, les étals habituellement garnis d'énormes sacs sont clairsemés. Désormais, un sac de 5 kilos vaut environ 25 euros aujourd'hui, soit 5 euros le kilo, presque deux fois plus qu'il y a un an.
Plusieurs raisons expliquent cette situation. Une récolte catastrophique en 2023, suivie d'une annonce du gouvernement concernant un risque de tremblement de terre géant, qui n'a pas eu lieu, mais a déclenché la peur.
Les riziculteurs ont gardé leurs sacs, les distributeurs ont ralenti les livraisons et les consommateurs ont vidé les rayons. Le riz est devenu une denrée rare, un objet de spéculation. Face à cette situation, l’État a pris une décision majeure et historique : le Japon a ouvert ses coffres.
Ce sont 210.000 tonnes de riz qui ont été prélevées sur les réserves stratégiques et qui commencent à être vendues pour stabiliser le marché. Toucher au stock d'État est un geste réservé aux guerres ou aux famines, et cela n'avait jamais eu lieu auparavant.
Le problème de fond réside dans la façon dont la production est contrôlée au Japon. Depuis cinquante ans, l’État encadre très strictement la production. Ce système, le "gentan", était une mécanique parfaite pour limiter l’offre et protéger les prix et les riziculteurs.
Cependant, cette fois-ci, tout a déraillé. Les stocks mis en vente vont faire baisser un peu la pression, mais ce n’est qu’un répit.
Prés de 90% de la production japonaise repose sur des exploitations minuscules, avec des paysans qui survivent à peine. Leur bénéfice moyen est de 575 euros par an, complété par des subventions.
Le 13 mars, le ministère de l'Agriculture nippon a annoncé qu'il envisageait de tout changer : produire plus, exporter et inonder l’Asie de ce riz japonais d’exception. Mais qui prendra la suite de ces paysans à l'agonie ?
Derrière cette crise, c’est tout un pan du Japon rural et traditionnel qui s’efface. Une grande manifestation, un défilé de tracteurs, est prévu en plein Tokyo fin mars. Le Japon a longtemps regardé ses rizières comme un héritage immuable. Il découvre que celui-ci aussi peut disparaître.
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