Le festival de "l’homme nu" : En quoi consiste cette pratique culturelle au Japon ?

Le Hadaka Matsuri (festival de l'homme nu) est une tradition japonaise depuis des siècles, célébrée dans différentes régions du pays, notamment à Inazawa et Oshu. Ces festivals shintoïstes, qui se déroulent au milieu de l'hiver, sont des rituels de purification où des milliers d'hommes, portant uniquement un fundoshi (sous-vêtement traditionnel) et des chaussettes.

Ils doivent se baigner dans de l'eau glacée et se battre pour s'emparer de talismans ou d'un grand poteau en bambou (naoi-zasa), qu'ils doivent ensuite porter jusqu'à un sanctuaire. En janvier 2024, le Konomiya Hadaka Matsuri dans la ville d'Inazawa a connu une évolution significative, avec l'autorisation pour la première fois de 41 femmes à participer. 

De nouvelles règles adaptées aux femmes

La crise démographique du pays a poussé cette décision historique à répondre à la pénurie d'hommes causée par le vieillissement rapide de la population japonaise. Spécialiste des questions de genre, le professeur Mikiko Eto explique dans un entretien à CNN, que cette inclusion témoigne d'une tentative d'adaptation à une société en évolution.

Malgré cette ouverture, les règles pour les femmes participantes diffèrent de celles des hommes. Alors que les hommes continuent de participer dans une quasi-nudité, les femmes doivent rester habillées, portant un chapeau, un short et un happi (veste traditionnelle japonaise). Cette participation, bien que limitée, est vue comme une avancée symbolique vers l’égalité des sexes. Ayaka Suzuki, vice-présidente du collectif Enyukai, qui a milité pour cette inclusion, a exprimé sa joie de voir enfin les femmes participer à cet événement traditionnel.

Depuis toute petite, j’ai toujours voulu prendre part à ce festival, je suis très heureuse que ce rêve se réalise.

Ayaka Suzuki, responsable du collectif de femmes Enyukai, selon des propos repris par la chaîne de télévision publique NHK.

Cette ouverture contraste avec la dernière édition du festival Sominsai à Oshu, un autre événement similaire, qui a eu lieu en février 2024. En raison du vieillissement de la population et de la difficulté croissante pour les organisateurs âgés de maintenir l'événement, ce festival, où des hommes en pagnes se purifient et se disputent des talismans ne pourra plus être organisé. 

Selon les informations de nos confrères de Franceinfo, c'est au temple de Kokuseki-ji, Daigo Fujinami, qu'un moine, a souligné la difficulté de cette situation : "Il est très difficile d'organiser un festival de cette ampleur", explique Daigo Fujinami devant le temple qui a ouvert ses portes en 729. "Il y a tellement de gens et c'est motivant. Mais dans les coulisses, il y a tellement de travail à faire. Je ne peux pas être aveugle face à cette réalité."

L'évolution de ces festivals témoigne des difficultés démographiques et sociales auxquelles le Japon fait face. Lorsque la population du pays vieillit, avec un tiers des habitants âgés de 65 ans et plus, les coutumes n'ont plus le choix que de s'ajuster afin de préserver leur existence.