Je voudrais vous parler du 13 août 1961, quand Berlin s'est retrouvée séparée en deux. Il faut remonter à la victoire alliée sur le nazisme. Comme le reste du pays, la capitale du Reich a été divisée en quatre zones. Trois étaient occupés par les puissances occidentales : Grande-Bretagne, États-Unis et France. L'Union soviétique de Staline tenait quant à elle la partie orientale qui englobe le centre historique de la ville, fondée au XIIIe siècle.
Churchill a déjà trouvé la formule qui correspond à ce nouvel état des lieux européens. C'est devant les étudiants de Fulton, dans le Missouri, qu'il a prononcé, le 5 mars 1946, un discours prophétique : "Oui, un rideau de fer s'est bien abattu sur le continent". Le vieux lion, qui n'est plus Premier ministre, s'inquiète du sort des populations désormais sous le joug communiste.
Il a raison, car deux ans plus tard, l'URSS décide d'asphyxier la cité berlinoise. Tous les accès terrestres reliant la ville sont coupés. L'Amérique et la Grande-Bretagne réagissent aussitôt et organisent des Berliner Luftbrücke, un pont aérien ininterrompu pendant 322 jours. Staline s'avoue vaincu et lève le blocus. Mais désormais, on parlera de deux Allemagnes : la République Fédérale (RFA) qui choisit Bonn pour capitale, et la République Démocratique (RDA).
Personne n'a l'intention de construire un mur"
Walter Ulbricht, président de la RDA
La RDA, Walter Ulbricht en est à Berlin son président du Conseil d'État, le 15 juin 1961, lors d'une conférence de presse. On l'interroge sur la possibilité d'y voir ériger un mur. "Personne n'a l'intention de construire un mur", affirme-t-il. Mais en fait, c'est un mensonge éhonté.
Le leader à la barbe en pointe et le premier a hurlé contre l'impressionnant flux de Berlinois qui passent d'Est en Ouest, comme l'expliquera quelques années plus tard sur Radio Luxembourg, devenue RTL, Georges Penchenier, l'un des meilleurs spécialistes de politique étrangère.
Ayant obtenu l'aval du nouveau maître du Kremlin Nikita Khrouchtchev, Ulbricht lance l'opération "Muraille de Chine". 40.000 soldats en armes débarquent de leurs camions et se positionnent dans la nuit. Au même instant, les premières unités de spécialistes commencent à empiler et cimenter des parpaings percés de tiges d'acier et surmontés de barbelés.
Christian Brincourt, grand reporter au 22 rue Bayard, arrivé dans l'après-midi du 13 août, intervient à l'antenne : "Sur le grand monument de la porte de Brandebourg, des sentinelles ont été placées avec des armes et ils nous surveillent actuellement à la jumelle".