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Le 13 août 1961, le jour où Berlin se réveille séparée par "le Mur de la honte"

CHRONIQUES DU QUAI D'ORSAY - Le 13 août 1961 au matin, Berlin se réveille coupée en deux, séparée par un "mur de la honte" délimitant le bloc soviétique et le bloc occidental. Une chronique RTL en partenariat avec l’ouvrage "Dans les archives secrètes du quai d’Orsay", aux éditions L'Iconoclaste.

Photo du mur de Berlin en 1961 sur la Potsdamer Platz
Crédit : AFP : 000_ARP2354845
Pierre Julien - édité par Thomas Pierre
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Je voudrais vous parler du 13 août 1961, quand Berlin s'est retrouvée séparée en deux. Il faut remonter à la victoire alliée sur le nazisme. Comme le reste du pays, la capitale du Reich a été divisée en quatre zones. Trois étaient occupés par les puissances occidentales : Grande-Bretagne, États-Unis et France. L'Union soviétique de Staline tenait quant à elle la partie orientale qui englobe le centre historique de la ville, fondée au XIIIe siècle. 

Churchill a déjà trouvé la formule qui correspond à ce nouvel état des lieux européens. C'est devant les étudiants de Fulton, dans le Missouri, qu'il a prononcé, le 5 mars 1946, un discours prophétique : "Oui, un rideau de fer s'est bien abattu sur le continent". Le vieux lion, qui n'est plus Premier ministre, s'inquiète du sort des populations désormais sous le joug communiste. 

Il a raison, car deux ans plus tard, l'URSS décide d'asphyxier la cité berlinoise. Tous les accès terrestres reliant la ville sont coupés. L'Amérique et la Grande-Bretagne réagissent aussitôt et organisent des Berliner Luftbrücke, un pont aérien ininterrompu pendant 322 jours. Staline s'avoue vaincu et lève le blocus. Mais désormais, on parlera de deux Allemagnes : la République Fédérale (RFA) qui choisit Bonn pour capitale, et la République Démocratique (RDA). 

Personne n'a l'intention de construire un mur"

Walter Ulbricht, président de la RDA

La RDA, Walter Ulbricht en est à Berlin son président du Conseil d'État, le 15 juin 1961, lors d'une conférence de presse. On l'interroge sur la possibilité d'y voir ériger un mur. "Personne n'a l'intention de construire un mur", affirme-t-il. Mais en fait, c'est un mensonge éhonté. 

Le leader à la barbe en pointe et le premier a hurlé contre l'impressionnant flux de Berlinois qui passent d'Est en Ouest, comme l'expliquera quelques années plus tard sur Radio Luxembourg, devenue RTL, Georges Penchenier, l'un des meilleurs spécialistes de politique étrangère. 

40.000 soldats construisent un mur dans la nuit

Ayant obtenu l'aval du nouveau maître du Kremlin Nikita Khrouchtchev, Ulbricht lance l'opération "Muraille de Chine". 40.000 soldats en armes débarquent de leurs camions et se positionnent dans la nuit. Au même instant, les premières unités de spécialistes commencent à empiler et cimenter des parpaings percés de tiges d'acier et surmontés de barbelés. 

Christian Brincourt, grand reporter au 22 rue Bayard, arrivé dans l'après-midi du 13 août, intervient à l'antenne : "Sur le grand monument de la porte de Brandebourg, des sentinelles ont été placées avec des armes et ils nous surveillent actuellement à la jumelle". 

  • Télégramme de Serge Arnault de Guényveau, chef de la division politique du gouvernement militaire français de Berlin, le 14 août 1961
    Crédits : AMAE, 178QO/1730
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    Crédits : AMAE, 178QO/1730
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    Crédits : AMAE, 178QO/1730
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Le lendemain, le 14 août, Serge Arnault de Guényveau, chef de la division politique du gouvernement militaire français de Berlin, précise que s'il reste encore 13 points de passage ouverts, les travaux d'obstruction se poursuivent, d'épais murs de maçonnerie sont construits et des fossés creusés. Les rails des voies ferrées sur les lignes S-Bahn de Potsdam et Oranienburg ont été enlevés et de nombreuses gares sont fermées. 

Voilà la guerre des haut-parleurs des deux côtés de la nouvelle frontière va commencer. Il faut intimider ceux qui tentent d'arracher des briques. À l'appel au chemin vers la liberté, répond la menace d'ouvrir le feu. 

Kennedy, McMillan, De Gaulle se retrouvent ainsi devant le fait accompli. Ils ont beau dénoncer le coup de force, aucune intervention militaire ne sera programmée. Un message classé très secret, adressé par le Quai d'Orsay à Washington, fera même référence à un nouveau Munich. 

Au moins 250 personnes paieront de leur vie leur tentative de franchir le mur de la honte. Il faudra attendre la "glasnost", la transparence chère à Gorbatchev, pour qu'il s'ouvre et s'écroule définitivement le 9 novembre 1989.

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