La crise dynastique jordanienne n'aura été que de courte durée. Du moins en apparence, car le psychodrame qui s'est joué ce week-end dans les palais princiers d'Amman couvait depuis beaucoup plus longtemps.
Ce mardi 6 avril, la Jordanie cherchait encore à clore cette affaire de sédition dans laquelle serait impliqué le demi-frère du roi Abdallah II, le prince Hamza, ancien héritier du trône. En interdisant la publication de toute information sur l'enquête, voire en coupant par endroit internet, le pouvoir entend étouffer les tensions existant au sein de la famille royale et exposées au grand jour ce week-end, à la surprise des Jordaniens.
Samedi 3 avril, des rumeurs de coup d'État avorté bruissent dans les rues d'Amman. Le prince Hamza, fils aîné du roi Hussein, décédé en 1999, est assigné à résidence, de même que sa mère la reine Noor. À 41 ans, il est accusé d'avoir participé à un complot "maléfique". Les autorités lui reprochent notamment d'avoir accusé le pouvoir en place de "corruption" et d'"incompétence".
En outre, le prince Hamza aurait refusé d'obéir aux injonctions de cesser ses "activités" et de restreindre ses mouvements. Dans une conversation enregistrée et diffusée dimanche sur Twitter, il affirme : "C'est sûr que je n'obéirai pas (aux ordres du chef d'état-major) quand il me dit que je ne suis pas autorisé à sortir, à tweeter, à communiquer avec les gens et que je suis seulement autorisé à voir ma famille".
Après avoir accusé le prince Hamza d'avoir collaboré avec une "puissance étrangère", pour tenter de déstabiliser le royaume, le vice-Premier ministre Aymane Safadi a déclaré dimanche que la "sédition" avait été "tuée dans l'œuf". Il a fait état de l'arrestation d'une quinzaine de personnes dont Bassem Awadallah, un ex-conseiller du roi.
Lundi soir, sous la pression, Hamza finit par rentrer dans le rang en réaffirmant son allégeance au roi. "Je resterai fidèle à l’héritage de mes ancêtres, à Sa Majesté le roi ainsi qu’à son prince héritier, et je me mettrai à leur disposition pour les aider et les soutenir", écrit-il dans une déclaration.
Quelques heures auparavant, les deux hommes avaient scellé leur réconciliation grâce au concours d'un autre membre de la famille royale. Agé de 74 ans, le prince Hassan ben Talal a lui-même été prince héritier de Jordanie de 1965 à 1999. Le roi Hussein avait remplacé ce dernier, quelques jours avant sa mort, par son fils Abdallah II aujourd'hui sur le trône.
Car c'est bien de cela dont il s'agit. Choisi comme prince héritier à la mort de son père en 1999, Hamza avait été éjecté de sa position en 2004, au profit du fils aîné de Hussein : Abdallah II. Selon les experts, le prétendant au trône avait à l'époque dû céder mais il n'aurait pas pour autant renié ses critiques virulentes sur la manière dont le pays est géré.
Dans un autre enregistrement audio, largement diffusé sur Facebook mardi, le prince Hamza se présente comme un homme "libre" voulant tenir la promesse faite à son père de servir son pays, lors d'un échange houleux avec le chef d'état-major de l'armée Youssef Huneiti, samedi à son domicile. Il y accuse le pouvoir de mauvaise gestion.
"Monsieur, je suis un Jordanien libre, le fils de mon père (le roi Hussein). J'ai le droit de me mêler à mon peuple et de servir mon pays comme je l'ai juré à mon père sur son lit de mort", en 1999, lance le quadragénaire au général qui lui demande de limiter ses visites uniquement à sa famille.
Et d'ajouter : "la mauvaise gestion dans ce pays nous détruira tous et détruira l'héritage de mes pères et grands-pères. Et je n'en suis pas responsable et vous savez qui en est responsable". La crise politique jordanienne pourrait bien ne faire que commencer.
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