La question refait surface après la libération lundi 13 janvier, du premier jihadiste français condamné à son retour de Syrie. Combien de jihadistes comme lui ayant purgé leur peine vont sortir de prison cette année ?
Flavien Moreau, aujourd'hui âgé de 33 ans, avait été condamné en novembre 2014 à sept ans de prison ferme, le maximum de la peine requise lors de son procès. Après avoir basculé dans la délinquance (13 condamnations), ce jeune homme d'origine sud-coréenne adopté très jeune par une famille française, s'était converti à l'islam au contact d'amis et de voisins, avant de se radicaliser puis de partir en Syrie. De retour en France, il avait été repéré par les services antiterroristes et arrêté en janvier 2013 alors qu'il prévoyait de retourner en Syrie.
Selon nos sources, environ 500 personnes sont actuellement détenues dans les prisons françaises pour des infractions à caractère terroriste. Un chiffre qui ne prend pas en compte les prisonniers de droit commun qui sont par ailleurs radicalisés, estimés, eux, à environ un millier.
En 2018, une trentaine de jihadistes sont sortis de prison. L’année d’après, 39 ont été libérés. Cette année, encore une quarantaine arrivent au bout de leur peine, et vont être remis en liberté.
Pour le moment, ces sortants sont surtout des "velléitaires", des personnes qui ont tenté de se rendre en zone irako-syrienne mais qui n'y sont pas parvenus, ou des personnes qui sont partis très tôt, avant les attentats.
Leur peine oscille souvent entre 5 et 10 ans. La plupart assure qu'ils en ont fini avec Daech, mais il est difficile de savoir si leur repentir est réel. D'autant plus que pour le moment, les démarches de déradicalisation en prison semblent peu efficaces.
À leur sortie, le bureau du renseignement pénitentiaire prépare une fiche très détaillée pour que l’ex-prisonnier continue d'être surveillé à l'extérieur, par la DGSI ou le renseignement territorial, en fonction de sa dangerosité supposée.
Côté justice, un pôle dédié a été spécialement créé au sein du parquet national antiterroriste (PNAT) à l'exécution de l'application des peines, composé de trois magistrats pour préparer la sortie de ces profils, de façon à ce qu'il y ait un suivi "le plus serré possible".
Depuis 2016, les juges disposent également de nouvelles mesures, comme une surveillance judiciaire à l'issue de la peine, sur la durée du cumul des réductions de peine. Un dispositif qui n'existe qu'en matière de terrorisme, requis systématiquement par le PNAT. Il implique un certain nombre d'obligations : déclarer son domicile, des interdictions aussi, notamment celle d’entrer en contact avec certaines personnes par exemple. Si l’ancien détenu ne les respecte pas, la justice peut ordonner son retour en prison. Reste à savoir si ces mesures suffiront à rassurer, et surtout à faire baisser le risque de récidive.