3 min de lecture
New Delhi et ses taxis driveuses
Crédit : AFP
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En Inde, si vous montez dans un
taxi, ce sera très certainement avec un chauffeur. Il n'y a quasiment pas de
femmes dans la profession. D'ailleurs il n'y a quasiment pas de femmes qui
travaillent. Mais c'est en train de changer tout doucement, grâce à Azad,
une ONG qui forme les femmes issues des quartiers populaires pour qu'elles
deviennent taxi driver. C'était dans Libération mardi 9 mars
Libération nous transporte dans la
circulation chaotique du nord de New Delhi. Des klaxons qui hurlent, des motos
à contresens, tout ça au milieu des vaches toujours placides. Au volant d'une
petite voiture bleue cabossée : Reena, 34 ans, sourire imperturbable. "Les gens s'énervent, dit-elle, ils me crient dessus, ils me disent
d'apprendre à conduire". C'est bien ce qu'elle fait, sans se
décourager, mais il faut de la patience. L'apprentissage prend
environ neuf mois.
Il faut convaincre les hommes aussi. "Mon mari pensait qu’une femme ne pouvait pas conduire une voiture, raconte Omkari. Aucune femme de notre famille n’avait jamais travaillé, sauf une qui était infirmière. Alors conduire un taxi."
Bien souvent, ce qui force le destin, c'est
l'argent. Un mari qui gagne mal sa vie, des enfants qui tombent malades. Omkari, cela fait 10 ans maintenant qu'elle conduit son taxi, elle est aussi
monitrice pour Azad, liberté en hindi. De fait, la plupart des
chauffeuses tombent le voile.
Le chemin est d'autant plus long
qu'il faut nager à contre courant. Les Indiennes qui travaillent sont de
moins en moins nombreuses, une sur cinq environ. Victimes du chômage dans les
secteurs industriels, victimes aussi du poids des traditions, elles font des
études mais leur premier job, cela reste le ménage et les enfants.
Azad prend donc le problème dans sa globalité. Avec des cours de conduite mais aussi des cours d'anglais, des modules sur les droits des femmes. "Nos apprenties viennent de milieux marginalisés, explique une responsable, on ne peut pas simplement leur offrir trois mois de conduite et espérer qu’elles trouvent un travail derrière. D’autres formations font cela, mais seulement 2 % des femmes trouvent un emploi ensuite. Chez nous, 60% à 70 % réussissent."
Parmi elles, Deepa, elle avait 21 ans quand elle a décidé de se lancer dans l'aventure. "Je n’étais jamais vraiment sortie de mon quartier ni même montée sur un vélo, mais je voulais essayer", dit-elle. Son père refuse, par peur pour sa fille mais aussi par crainte de ce que diront les voisins. "Pendant les sept mois de formation, il ne m’a pas parlé et a même quitté la maison pendant quelques jours."
Heureusement, Deepa a pu compter sur le soutien de sa mère. "J’ai toujours
voulu travailler, explique Shakuntala, mais à son âge, j’avais déjà trois
enfants". Le père a finalement changé d’avis quand Deepa est
revenue avec son premier salaire. 15 000 roupies, environ 170 euros. Le
salaire moyen indien.
Aujourd'hui Deepa a 30 ans, elle
est taxi de nuit et elle est en est très fière. Elle conduit doucement,
calmement, clignotant pour tourner, presque pas de klaxon. A Delhi, c'est
reposant, et plutôt rassurant pour les clients. "Sur la route, les autres
conducteurs me regardent bizarrement, dit-elle, mais ce n’est pas grave. Mon
rêve c'est que toutes les voitures soient conduites par des femmes !"
Deepa est
une pionnière : après elle, dans son quartier, une cinquantaine de jeunes
femmes ont appris le métier, dont sa sœur cadette. Depuis 2008, Azad a formé en
tout plus de 2 500 femmes. Qu'elle emploie ensuite dans sa filiale
commerciale baptisée Shaka. Elles sont chauffeuses particulières pour des
familles, des entreprises. Et un comptoir a ouvert il y a quelques mois à
l'aéroport de New Delhi. Rose et turquoise avec le slogan "Femmes au volant". Eh oui, c'est un argument de vente.
Les taxi driveuses de New Delhi. Grand reportage à lire ce matin dans Libé.
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