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Olena et son mari Oleksandr Negyr s'embrassent après sa libération d'une prison russe où il a passé 22 mois.
Crédit : PAULA BRONSTEIN / GETTY IMAGES EUROPE / GETTY IMAGES VIA AFP
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"Natalia Volodymyrivna Stebleva ? Bonjour, maman. Comment vas-tu ?" Malgré leur apparente banalité, ces mots signifient beaucoup pour Konstantin Steblev. Pour la première fois depuis trois ans, ce soldat ukrainien échange avec sa mère. Il a le teint cireux, son visage est émacié. Mais il sourit.
"Tu savais déjà qu'on allait être transférés ?", demande-t-il, les yeux brillants, à sa mère au bout du fil. "Je t'aime. Ne sois pas triste. Ce n'est pas ma faute. J'avais promis de revenir sain et sauf", dit-il en riant.
Konstantin Steblev, soldat ukrainien de 31 ans, a été capturé sur le front au début de la guerre et emprisonné en Russie depuis. Il fait partie du premier groupe de prisonniers échangés entre Kiev et Moscou sur trois jours, qui doit concerner mille personnes dans chaque camp. Si de nombreux autres échanges ont eu lieu, celui-ci est le plus important depuis le début de l'invasion russe de l'Ukraine il y a plus de trois ans.
Konstantin est arrivé avec les autres captifs en bus dans la cour d'un hôpital, acclamés par des centaines de familles de prisonniers, qui crient, pleurent et chantent d'une seule voix des "félicitations" aux soldats libérés. Durant ce trajet, Konstantin avait des sentiments "indescriptibles". "C'est tout simplement fou. Des émotions folles", tente-t-il d'expliquer.
S'il a réussi à tenir pendant ces longues années de captivité, c'est grâce à sa femme, qu'il ne voulait pas "laisser tomber". "Elle sait que je suis fort et que je ne pouvais pas abandonner comme ça", assure-t-il, la voix tremblante et souriante. Maintenant, Konstantin n'aspire qu'à retrouver sa famille, se "détendre avec eux, passer du temps avec eux. C'est ma priorité absolue."
Pour le reste, les décisions reviendront à sa femme. "C'est elle qui est la plus impliquée dans tout cela maintenant", lâche-t-il avec humour, disant vivre encore en "2022" dans sa tête. "C'est elle qui me dira et me montrera comment agir à l'avenir", conclut le jeune homme.
Maigres, fatigués, un peu perdus, les prisonniers entrent progressivement dans les couloirs de l’hôpital. Mais pas Olena et Oleksandr, qui, à l'écart, s’enlacent avec force, malgré les caméras pointées sur eux. Cela fait 22 mois qu'ils ne se sont pas vus, qu'Oleksandr était captif en Russie. Olena assure qu'elle a essayé de lui envoyer des lettres, mais qu'elles ont été "filtrées" par les matons russes, selon Oleksandr.
Mais qu'importe : "Je suis au septième ciel", lâche-t-il dans les bras de sa femme, qui assure être "elle aussi au septième ciel". L'homme malingre de 45 ans ne rêve que de "Manger... manger et passer du temps avec ma famille."
Pour cette première phase, 270 militaires et 120 civils dans chaque camp ont été échangés. Le reste le seront samedi et dimanche. Mais le sujet est douloureux, des milliers de familles attendant dans l'angoisse des nouvelles de leurs proches disparus.
À l'arrivée des bus dans l'hôpital, des membres des familles de soldats encore emprisonnés accourent auprès des hommes libérés et leur tendent frénétiquement des portraits de leurs proches pour savoir s'ils les ont aperçus durant leur captivité. Les femmes repartent en pleurant quand ils font "non" de la tête. Certains savent que leurs proches sont en détention, d'autres n'ont aucune nouvelle et espèrent pouvoir glaner quelques informations auprès des soldats nouvellement libérés.
"Je voudrais que Dieu nous envoie une bonne nouvelle aujourd'hui", a confié Lioudmyla Parkhomenko, venue de Kiev. Depuis deux ans, elle est sans nouvelles de son fils, parti combattre en 2022 avant de disparaître à Bakhmout (est), théâtre de l'une des batailles les plus sanglantes du conflit. Elle espère que les soldats libérés lui "confirment qu'il est vivant".
Anastassia Rouda, 28 ans, dit être "prête à tout faire" pour retrouver son frère jumeau Maksym, disparu il y a huit mois. "Nous ne savons même pas s'il est en captivité et nous espérons que les autres gars nous aideront", a raconté la jeune femme. "Que la guerre se termine plus vite et que tout le monde revienne !"
Debout, Elia, 38 ans, serre dans ses bras la mère d'un soldat qui n'a pas vu son fils et n'a pas eu d'informations de la part des autres, au bord des larmes. Elia pleure de joie, car elle vient de retrouver son mari Andriï, après trois ans d'absence. Quand elle l'a vu, son "cœur battait à tout rompre". "Je l'ai vu, j'ai attendu si longtemps pour cela", dit-elle dans un souffle. "On a su que certains de son unité allaient être échangés, alors je suis venue", lâche la jeune femme aux larges lèvres roses, tremblantes d'émotion.
Plusieurs anciens prisonniers ont parlé des conditions difficiles et des tortures subies dans les prisons russes. Et si Elia pense déjà au futur et à l'idée de faire un enfant avec son mari, elle sait que pour lui, le chemin vers la rémission est encore long. "Il a le regard vide, mais je sais qu'ils ne l'ont pas brisé. Les gars avec lui m'ont dit qu'il était très fort", conclut-elle, les yeux humides.
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