Guerre en Ukraine : les tensions grimpent en Estonie, à proximité de la frontière Russe

L'Estonie, à moins de trois heures d'avion de Paris au nord de l'Europe et comptant 1.300.000 habitants, se prépare à une éventuelle attaque russe, voire une guerre. L'Estonie qui est membre de l'Union européenne et de l'OTAN, offre 300 km de frontières communes avec la Russie. RTL s'est rendu à Narva, au plus près de la Russie, auprès des gardes frontières estoniens.

Cette ville de 50.000 habitants n'est séparée de la Russie que de 150 mètres par une rivière que longe la capitaine Karine au volant de son pick-up militaire. Il s'agit de la première ligne de défense.

"Notre mission est de patrouiller le long de la frontière afin de contrôler que rien de grave ne se produise, que personne ne traverse ou fasse quelque chose d'illégal, c'est la première entrée vers l'Europe et ce travail est donc très important", explique la garde forestière.

Une surveillance très accrue de la frontière

Sur une tablette, la fonctionnaire répertorie les mouvements des gardes-frontières russes qui s'approchent parfois en bateau. Le véhicule s'arrête. Le commissaire Yannick descend pour observer la rive d'en face avec des jumelles.

"Ces dernières semaines, nous avons remarqué de nouvelles petites constructions au bord du fleuve. Vous voyez là cette petite maison en bois ? À l'intérieur, nous avons remarqué qu'il y avait deux petites caméras de surveillance. Pour le moment, la situation à la frontière est calme, mais on ne sait pas ce qui peut se passer", déclare l'Estonien.

Une situation frontalière propice aux tensions et aux inquiétudes

"On se tient prêt à toutes les situations. Mais la Russie multiplie les provocations, régulièrement, elle brouille les signaux GPS et a fait disparaître les bouées qui marquent la frontière sur le fleuve", raconte Yannick.

Narva reste l'un des rares points de passage entre les deux pays. Un pont de l'Amitié relie encore les deux pays où des barbelés et des blocs de béton servent d'obstacle anti-char. Sous la neige, des dizaines de personnes attendent de franchir à pied le poste frontière. Vitali est arrivé en bus depuis Tallinn. Il va retrouver sa famille côté russe.

"Ils retiennent les gens ici longtemps afin de faire des vérifications poussées de toutes les valises, jusqu'à sept heures. Comme moi, la plupart des personnes ici ont des proches de l'autre côté, c'est important pour nous de pouvoir continuer à les voir, affirme celui-ci" 

Pour le moment, le passage reste ouvert. Mais depuis l'invasion de l'Ukraine, Lisa, mère de famille, craint ici une éventuelle offensive de Vladimir Poutine contre l'Estonie.

"Si la Russie souhaite nous envahir, elle le fera. C'est une possibilité. L'OTAN est notre meilleure garantie de sécurité pour ça. Si quelque chose devait arriver, on a déjà nos valises qui sont prêtes, on partira le plus vite possible d'ici et on se mettra à l'abri, peut-être ailleurs dans le pays", déclare Lisa, préoccupée.

Comment se prépare Narva face à une éventuelle agression russe ?

La ville a mis en place un comité de crise, prévu des abris où les habitants pourraient se réfugier, des réserves d'eau et de nourriture. Mais en cas d'assaut des troupes russes, l'Estonie pourrait surtout compter sur son armée et le renfort de 40.000 volontaires de la Ligue de Défense estonienne.

"Nous pourrons redevenir amis avec la Russie quand le régime aura changé, mais ce n'est pas le cas, la situation géopolitique est très tendue", explique Sven Majorov qui s'entraîne chaque week-end.


"Je ne dirais pas que j'ai peur, cela me donne plutôt de la motivation, la chose la plus importante, c'est d'être prêt et de suivre les instructions", assure Sven. Celui-ci affirme "ne pas imaginer fuir l'Estonie, ma place est ici, chez moi. J'ai une responsabilité, celle de combattre".

Pour se défendre, l'Estonie a planifié la construction de plusieurs dizaines de bunkers le long des 330 km de frontières avec la Russie. L'objectif est de résister quelques semaines en attendant le renfort des pays de l'OTAN.

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