Ce 24 août est jour de fête nationale en Ukraine. Mais les célébrations sont mises en sourdine. Car cela fait six mois exactement que la guerre a débuté. Kiev redoute une intensification des bombardements russes. Moscou a prévenu qu'il n'y aurait aucune pitié après l'assassinat de Daria Douguina, la fille d'un idéologue proche du Kremlin.
Kiev a reconnu ces derniers jours que l'armée ukrainienne avait perdu près de 9.000 soldats. Il faut aussi compter les blessés. RTL a pu en rencontrer dans un hôpital militaire à 300 kilomètres du front. Le Donbass, Marioupol ou Kharkiv, ils ont vécu les pires batailles. Ce couloir des grands blessés est devenu un service d'urgence à part entière. L'un a le visage déformé, l'autre a perdu une jambe. Une histoire tragique qui croise une autre histoire tragique.
"J'ai failli mourir près de Donetsk", raconte l'un d'entre eux. Parce qu'il retrouve un peu plus de force jour après jour, Denys se redresse et s'assied au bord du lit. "J'ai été touché aux jambes et à l'estomac. Ce jour-là, on prenait des tonnes d'obus sur la figure. On m'a fait des garrots, mais les gars ont continué à répondre aux attaques. Ils étaient obligés. J'ai rampé jusqu'à l'arrière sur une centaine de mètres. J'ai attendu deux heures que ça se calme. J'ai perdu connaissance. J'ai cru que j'étais en train de mourir et je me suis réveillé ici à l'hôpital".
Parce qu'un éclat d'obus s'est logé dans sa bouche, Alexander a une plaie à la mâchoire. Il peine désormais à s'exprimer. "Quand j'ai compris que j'étais blessé, j'ai couru vers l'arrière sans réfléchir", raconte-t-il. "C'est comme la Seconde guerre mondiale, voire pire. Ce n'est pas simplement un combat entre soldats. Car ici, on bombarde des civils."
Des éclats d'obus, ces petits bouts sournois incrustés dans la peau que le chirurgien doit enlever, opération après opération. "Je suis passé d'un travail avec des civils à traiter des victimes de tirs de roquettes, des amputations. Nous aussi, à l'hôpital, on fait partie de la guerre." Nulle part plus que dans ce service, les soldats ne racontent autant le déluge de feu, ce qu'ils sentent, qu'ils ressentent, ce qu'ils voient ou ce qu'ils touchent au cœur des combats.
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