RTL a rencontré ces jeunes soldats sur la ligne de front dans
le Donbass. Leur QG est une petite maison de village dont toutes les fenêtres sont
calfeutrées pour plus de discrétion. À l’intérieur, il fait chaud grâce à un poêle à bois. Roman, 30 ans, n’aurait jamais pu imaginer se retrouver une arme à la main à 2km des
positions russes. "Je suis arrivé en mars 2022. Je travaillais à Dubaï
depuis 9 ans, dans la logistique et l’immobilier. Quand la guerre a éclaté,
j’ai quitté mon travail, tout ce que je faisais et je suis revenu en Ukraine
pour m’engager dans l’armée. Pour protéger mon pays. À Dubaï, j’avais ma
voiture, mon travail, mon appartement, mon chat. J’ai tout laissé. 9 ans de ma
vie".
Aujourd’hui, il est secouriste. Des gestes qu’il a aussi
appris ici, sur le front. Dans cette maison, ils sont une quinzaine : des
anciens agents immobiliers, serveurs, banquiers. Vitaly, lui, était étudiant en médecine. Il l’est toujours
d’ailleurs, il suit ses cours à distance. Son surnom : "le
chirurgien". "Au début de la guerre c’était plus dur car on n’était
pas préparé à ça. Mais maintenant, avec 1 an de recul, on a acquis de
l’expérience. Chaque bataille est difficile mais avec le temps on arrive à
sauver plus de vies". À 23 ans, il dit avoir sauvé 199 vies sur la ligne de
front.
Il a fallu apprendre vite avec les
moyens du bord. Traiter des blessures par balles, par artillerie, des jambes
arrachées par l’explosion d’une mine.
Nous assistons à un entrainement. Entre eux, ces jeunes soldats se posent des garrots, des perfusions, des cathéters. Les gestes de base qu’il faut savoir faire en moins de 3 minutes.
Pour les superviser, David, un secouriste américain, qui a dû adapter ses techniques au terrain ukrainien. "Les temps d’évacuation ici sont très longs. Normalement, dans les normes OTAN, les blessés sont évacués en 15/30 minutes par hélicoptères ou par convois. Mais ici, vous êtes pris au piège de la situation. Les évacuations d'une tranchée peuvent prendre 6 à 12 heures. Donc il faut savoir faire les bons gestes pour stabiliser un blessé aussi longtemps".
Il faut aussi faire avec les pénuries de matériel. Alors,
David a un conseil : "Le plus important c’est d’avoir du gros scotch.
Avec ça, on peut créer des bandages, faire des garrots, fermer une plaie. Donc
j’envoie toujours les soldats avec beaucoup de scotch, c’est votre meilleur ami
sur le front". David a 3 jours pour les encadrer… alors que la médecine de
guerre demande généralement plusieurs mois de formation.
Et ils sont aussi formés au combat car ils sont déployés tout près des lignes de front.
Aujourd’hui pour Roman, c’est donc entrainement au tir et au déplacement en
zone dangereuse.