C'est une ville défigurée par l'armée russe que l'on retrouve à Irpin, dans la banlieue de Kiev. La première impression qu'ont les habitants, c'est que l’horreur est déportée vers l’Est. C’est même une certitude pour Olexandr, les mains noircies par le charbon qu’il glisse sous une marmite en terre cuite au pied de son appartement dans une cuisine de fortune, faite de taule et de bouts de bois. La façade de l’immeuble juste en face, a été éventrée par un obus, et 3 étages ont été découpés sur près de 10 mètres.
"J’ai des amis à Severodonetsk, Roubijné, je n'ose même pas imaginer l’enfer qu’ils sont en train de vivre. On parlait de Marioupol, mais ils vont être plongés dans la même douleur, c’est l’enfer parce qu’on sait très bien que ces criminels tapent déjà fort là-bas. Rien que de le dire c’est dur, très très dur". C’est le moment que choisit Olena, sa femme, pour lui apporter plus de bois pour alimenter le feu : "Moi-même je viens du Donbass, je pense surtout à Marioupol. Une de nos tantes habite un peu plus en retrait, les Russes sont déjà arrivés dans son quartier, et on savait qu’elle était en vie mais pour combien de temps?", s'interroge-t-elle.
"A Marioupol oui, on a pu avoir un contact avec elle, il y a 5 jours, reprend Olexandr, elle avait pu passer un coup de fil avec le téléphone d’un Russe parce qu’elle nous a expliqué qu’elle allait essayer de sortir de cet enfer par la Russie parce que les couloirs humanitaires ukrainiens ne fonctionnaient pas. Je peux essayer de l’appeler mais c’est peut-être un russe qui va répondre !", s'inquiète-t-il. Olexandr n’a en effet aucune idée d’où se trouve sa tante aujourd’hui et les Russes occupent peut-être sa maison aujourd’hui.
Chacun réagit à sa façon de la distance. Pour ce couple, c’est de faire à manger pour une partie du quartier privée d’électricité et pour d’autres, comme Oxanna, une vieille dame assise au pied d’une des tours, c’est l’attente, rien d’autre. Son fils vient de s’engager comme volontaire : "Pour moi, c’est un cauchemar sur terre mais qu’est-ce que vous voulez qu’on fasse d’autre maintenant. On a donné notre sang au début de la guerre, on a envoyé de l’argent là-bas aujourd’hui et je ne peux faire que prier", souffle-t-elle.
Et après avoir ramassé des débris de verre restés sur le sol à l’entrée du lotissement, Svetlana vient s’asseoir à son tour, elle a une croix en or autour du cou qu’elle fait ressortir du mieux qu’elle peut par-dessus ses vêtements : "Au début ils n’en avaient que pour Kiev, ils se sont retirés et maintenant ils s’acharnent sur le Donbass. Est-ce que ce n'était pas calculé ?", demande la jeune femme.
La voisine aux cheveux blonds dissimulés sous un bonnet passe alors de longues minutes à faire pivoter sa croix de gauche à droite : "Ce sera pire que l’enfer. Nous les croyants, on prie pour tous ces gens, 24 heures sur 24. Nous prions pour qu’ils se sauvent, qu’ils sauvent leurs âmes, pendant que les Russes ne se battent que pour du territoire", clame-t-elle. Au moment de quitter ce quartier d’Irpin, Olexandr s’est à nouveau empressé de téléphoner à sa tante, sans succès.
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