L'université de Harvard s'offre un sursis. La juge fédérale Allison D. Burroughs a décidé de bloquer temporairement la décision de l'administration Trump d'interdire l'inscription de milliers d'étudiants étrangers dans la prestigieuse école, a-t-on indiqué, vendredi 23 mai. L'audience préliminaire se tiendra le 29 juin prochain.
Cette décision intervient au lendemain de la révocation, par le gouvernement, de la certification SEVIS (Student and Exchange Visitor) de Harvard. Elle faisait suite aux déclarations au vitriol du président républicain, à ses appels à changer le cursus et aux coupes dans les subventions de recherche.
Stephen Miller, conseiller de la Maison-Blanche, a fustigé cette décision sur X. "Voilà une juge communiste qui créé le droit pour les étrangers [...] d'être admis dans les universités américaines financées par les impôts des Américains", a-t-il écrit à propos du sursis pour Harvard, université où les frais de scolarité avoisinent 59.000 dollars annuels.
Si la suspension de la certification est confirmée, l'université, située en banlieue de Boston, ne pourra plus accueillir d'étudiants étrangers. Et ceux déjà présents sur le campus pourraient devoir quitter le pays dès la remise des diplômes, prévue la semaine prochaine. Cela concerne 6 700 étudiants internationaux, soit 27 % des effectifs de l'école, est-il indiqué sur son site internet.
"D'un seul coup de crayon, le gouvernement efface un quart des étudiants d'Harvard", peut-on lire dans la plainte déposée auprès du tribunal fédéral du Massachusetts, État du nord-est américain où est située l'université, classée parmi les meilleures au monde et qui a produit 162 prix Nobel.
Cette décision est "le dernier acte de représailles" de l'administration Trump "qui cherche à prendre le contrôle de la direction d'Harvard, de ses programmes et de l'“idéologie” de l'université et des étudiants", poursuit la requête de 72 pages, qui appelle à sa révocation "immédiate".
Le président républicain accuse les universités privées les plus prestigieuses, notamment Harvard et Columbia, d'avoir laissé prospérer l'antisémitisme et de n'avoir pas protégé suffisamment les étudiants juifs pendant les manifestations contre la guerre d'Israël à Gaza.
Harvard a affirmé, ces dernières semaines, avoir pris des mesures pour s'assurer que les étudiants et le personnel juifs ou israéliens ne se sentent ni exclus, ni intimidés sur le campus, et refuse de renoncer à sa liberté académique.
L'administration Trump reproche aussi à Harvard de se coordonner avec le Parti communiste chinois sur son campus. Celui-ci exerce un contrôle serré sur de nombreux aspects de la société chinoise, dont l'éducation supérieure, et de nombreux étudiants chinois vont se former à l'étranger. Près de 1 300 étudiants chinois sont actuellement inscrits à Harvard, selon les chiffres officiels et environ 280 000 étudient dans d'autres universités américaines.
"La Chine s'est toujours opposée à la politisation de la coopération éducative", a réagi vendredi le ministère chinois des Affaires étrangères, estimant que cette démarche "ne fera que nuire à l'image et à la réputation internationale des États-Unis".
Il y a également environ 550 étudiants allemands à Harvard. "La décision du gouvernement américain [...] m'attriste beaucoup. Ce n'est pas un signal positif, ni pour la jeune génération, ni pour le monde libre", a réagi la ministre allemande pour la Recherche, Dorothee Bär.
Dans son bras de fer, le gouvernement américain avait coupé 2,7 milliards de dollars de subventions à Harvard. L'université, l'une des plus riches au monde, a dénoncé ces coupes devant les tribunaux, disant ne pas vouloir sacrifier sa liberté académique pour tenter de récupérer ces fonds.
Selon la ministre américaine de la Sécurité intérieure, Kristi Noem, la décision du gouvernement de retirer à l'université son droit de recevoir des étudiants étrangers pourrait aussi priver l'institution d'importants deniers. La ministre a assorti, jeudi, sa décision choc d'un ultimatum : si Harvard veut retrouver ce "privilège", elle doit fournir dans les 72 heures toute une série d'informations dont elle disposerait sur d'hypothétiques activités "illégales" de ses étudiants étrangers durant les cinq dernières années.
"Nous condamnons ces mesures illégales et injustifiées", a répliqué, le lendemain, dans un communiqué le président de Harvard, Alan Garber. Celui-ci précise que cette décision "met en péril le futur de milliers d'étudiants" de l'université et sert "d'avertissement" à ceux qui avaient choisi les États-Unis pour étudier et "réaliser leurs rêves".
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