Aux
États-Unis, le suicide d’un jeune homme qui avait perdu en bourse est en train
de devenir une affaire politique. Alex
Kearns était un étudiant ordinaire de l’université du Nebraska, il avait 20
ans. Il y a quinze jours, il s’est suicidé parce qu’il pensait avoir perdu 730.000
dollars après avoir joué sur un site de trading en ligne, c’est-à-dire un site
qui permet d’acheter et de vendre non seulement des actions, mais aussi des
produits financiers très sophistiqués comme les options, en principe réservés
aux professionnels.
En fait, Alex Kearns avait
mal compris le résultat de ses opérations boursières, son compte était en
réalité créditeur de 16.000 dollars. Du coup, les autorités boursières
s’émeuvent, le Sénat menace de légiférer, et l’Amérique découvre avec
stupéfaction que ses jeunes sont de plus en plus nombreux à spéculer en bourse
absolument sans formation.
Une nouvelle vague de sites et d’applications a déferlé, nous
raconte le Financial Times. Ce sont des sites gratuits, la plupart du temps en
accès libre, qui vous donnent d’entrée une toute petite somme à parier. Leur
design est celui des jeux vidéo, ils affichent en temps réel vos gains ou
pertes avec des couleurs vives, exactement comme un flipper de naguère.
C’est le cas du site Robinhood, sur lequel la victime avait investi, monté par deux jeunes contestataires du mouvement Occupy Wall Street qui sont devenus milliardaires. Ils autorisent des prises de risque insensées. L’agence Bloomberg rapporte qu’un parieur affirme avoir construit une position d’un million de dollars avec 4.000 dollars seulement.
Les règles qui encadrent ces sites sont aujourd’hui assez
minces. Et c’est d’autant plus problématique que la folie boursière américaine,
manifeste depuis plusieurs années, attire des investisseurs complètement inexpérimentés,
qui ont le sentiment qu’on gagne à tous les coups.
Sur les valeurs les plus
connues comme Amazon ou Tesla, les ordres individuels représentent jusqu’à 30%
des mouvements quotidiens. Au point que les grandes entreprises réfléchissent
désormais à communiquer directement vis-à-vis de ces petits actionnaires qui
échangent entre eux sur les réseaux sociaux et qui ont une influence directe
sur les cours. Le monde de la bourse s’est démocratisé, c’est une bonne chose,
mais cela s’est fait au prix de risques accrus pour les particuliers, non
seulement sur leur patrimoine, mais sur leur santé.
Les spécialistes le
disent, le trading pratiqué ainsi provoque une addiction, exactement comme les
paris sur internet, à cause de l’adrénaline. Il est souvent associé à l’alcool,
pour faire baisser le stress lorsqu’on enregistre des pertes. C’est en réalité
une calamité à la fois financière et de santé publique.
En France, des sites de trading comme cela
il y en a
plein ! La plupart du temps, c’est écrit en charabia, la seule chose qu’on
comprend c’est que c’est facile, qu’on peut s’y mettre sans connaître quoi que
ce soit. Dans un coin de l’écran toutefois, il y a un avertissement, écrit en
tout petit.
Par exemple : 79% des investisseurs de détail perdent de l’argent avec ce fournisseur, vous devez donc vous assurer que vous pouvez vous permettre de prendre le risque probable de perdre votre argent. On pourrait être plus engageant... Le problème, c’est que tout le reste de la page raconte exactement le contraire.
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