Un rapport de l'ONG ATTAC publié ce lundi 22 juin montre que l'écart
entre salaires des patrons du CAC40 et salaires moyens s'est accentué depuis la
crise de 2009. Un constat pas très surprenant, mais ça ne
rend pas très optimiste sur "le monde d'après" qu'on nous promet en
sortie de chacune des crises.
Il y a 10 ans, Nicolas Sarkozy voulait
mettre au pas la "finance folle" et François Hollande avait pour
ennemi la Finance. Au final, la crise, comme à chaque fois, a
accentué les écarts entre les hauts revenus et le salaire moyen des employés. Les
périodes d'envolée du chômage ont conduit à des référendums d'entreprises où on
devait arbitrer entre sauver son usine (et donc son emploi) ou sauver les
acquis sociaux.
Depuis 10 ans, les dividendes et les salaires des grands patrons ont
beaucoup augmenté, ce qui ne me choque pas dans le fond. Je ne suis pas en
train de dire qu'il faut plafonner les hauts revenus ou punir ceux qui
réussissent. Mais quand on voit que le salaire moyen
des PDG du CAC40 a progressé de 60% en 10 ans quand les salaires moyens ont
augmenté de 20% en moyenne et que le SMIC a, lui, grimpé de 12%, on a un peu de
mal à croire au "ruissellement".
Après une crise, il y a un conservatisme de nos grandes
entreprises assez désespérant. 20% de femmes dans les équipes dirigeantes,
et même 5 entreprises sur 40 où il n'y en a même pas une seule. 12% de salariés
qui font partie des conseils d'administration alors que c'est 33% en moyenne en
Europe. On ne change rien, et on conserve un CAC
avec des entreprises qui sont là depuis des décennies dans ce club très fermé
alors qu'aux États-Unis les géants de la bourse à Wall Street n'existaient pas
il y a 20 ans.
Avec le coronavirus les entreprises devaient limiter les dividendes et
les patrons devaient réduire leurs salaires. Au final, il n'y a que 17% des
entreprises du CAC40 qui ont maintenu leurs dividendes comme prévu. Les 3/4 ont
suspendu ou rédui le versement. Parfois, c'est juste reporté de quelques mois.
22 patrons sur 40 ont accepté de baisser
leurs salaires surtout s'ils bénéficiaient par ailleurs des aides de l'État (prêt
garantie, plan de soutien à une filière, chômage partiel...). Avec des variantes,
certains ont baissé le fixe et les bonus, d'autres n'ont baissé que le salaire
fixe qui représente 1/5ème de la rémunération finale. Alors, il y a des efforts de faits quand
même. La pression de l'opinion publique, le "name and shame" qui est
beaucoup plus présent qu'il y a 10 ans, tout ça fait bouger les choses.
Ensuite, on parle d'un rapport d'OXFAM qui
est forcément à charge contre les patrons. Mais surtout, on parle là des entreprises
du CAC40 et il faut toujours se méfier de l'effet "miroir déformant"
de cette élite. La France est un pays de PME : 9
entreprises sur 10 sont des petites structures qui ne sont pas cotées, qui n'ont
pas de grands fonds actionnaires, qui n'ont pas de dividendes.
Dans la plupart de nos entreprises, le
patron gagne 4.500 euros par mois et prend un risque personnel en cas de
faillite. On avait vu en 2009 un fossé se créer
entre petits et grands patrons.
Le CAC40, c'est comme la Fashion Week, ça
crée une tendance dans le monde du business donc il y a une valeur d'exemple
très importante. Mais le CAC40 n'est pas le monde de l'entreprise en France.
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