Y-a-t-il eu deux poids, deux mesures ? La polémique enfle depuis mercredi sur les raisons pour lesquelles les manifestants pro-Trump se seraient infiltrés aussi facilement dans le Capitole américain. La Garde nationale, régulièrement déployée à titre préventif l'an dernier, n'avait pas été activée avant le chaos.
Les autorités auraient-elle sous-estimé le risque de débordements en marge du rassemblement de soutien au président républicain ? Une telle situation aurait-elle pu se produire si les Black Lives Matter avait défilé ? La police se montrerait-elle plus clémente avec les militants Trumpistes, qu'avec les anti-racistes ?
Des questions qui trouvent un large écho sur les réseaux sociaux, où circule une photo de la Garde Nationale protégeant, en tenue anti-émeute et sur plusieurs rangs, le Lincoln mémorial (et non le Capitole), le 2 juin dernier, lors d'une manifestation pacifique organisée à la suite de la mort de George Floyd.
Comme le montre la vidéo ci-dessous, l'ultra-sécurisation du monument à l'époque tranche avec celle des modestes barrières mises en place autour du Capitole mercredi, pour contenir des protestataires déterminés à assiéger le Capitole.
Une différence de traitement qui n'est pas passez inaperçue auprès de Joe Biden. "Personne ne pourra nier que si cela avait été un groupe de Black Lives Matter hier, ils auraient été traités très, très différemment des voyous qui ont attaqué le Capitole", a affirmé le président élu jeudi. "Nous savons tous que c’est vrai et c’est inacceptable”.
Saluant le discours du démocrate, le mouvement qui lutte pour l'égalité de Noirs aux États-Unis a également fustigé "l'hypocrisie" des autorités après ce qu'il qualifie de "coup d'État".
"Lorsque les Noirs protestent pour notre vie, nous sommes trop souvent accueillis par des troupes de la Garde nationale ou des policiers équipés de fusils d'assaut, de boucliers, de gaz lacrymogènes et de casques de combat", écrit le groupe BLM dans un communiqué. "Ne vous y trompez pas, si les manifestants étaient Noirs, nous aurions été gazés lacrymogènes, battus et peut-être fusillés", insiste-t-il.
Très critiqué pour son manque d'anticipation, Steven Sund, le chef de la police en charge de la sécurité des bâtiments où siègent le Congrès, a présenté sa démission jeudi. Selon CNN, c'est l'administration Trump qui aurait décidé de ne pas faire appel en amont à la Garde Nationale, laissant la sécurisation de la capitale américaine à la seule charge de la police.