Le gouvernement assure qu'il n'entend pas augmenter les impôts. Pourtant, on y va tout droit. Tout droit, et en klaxonnant ! On est pour ou contre la suppression de l’abattement fiscal de 10 % sur les retraités, mais au moins il faut l’appeler par son nom : ce serait une augmentation d’impôt ! Ceci est vrai d’ailleurs pour toutes les niches fiscales. Supprimer une niche fiscale, c’est supprimer une diminution d’impôt, donc c’est une augmentation d’impôt ! Il faut appeler un chat un chat, et une hausse d’impôt une hausse d’impôt.
Or le gouvernement annonce qu’il va s’attaquer aux niches fiscales. Il va donc augmenter les impôts ! Le problème, c'est qu’il prétend le contraire. Et dans ce registre de l’hypocrisie sémantique, notre ministre des Comptes publics, Amélie de Montchalin, a fait très fort. Dimanche 20 avril, dans Le Parisien : elle parle de supprimer au moins 50 niches fiscales. Soit, pourquoi pas. Mais elle ajoute – c’est à peine croyable – qu’elle compte généreusement consacrer un tiers de l’argent récupéré à "baisser les impôts".
En clair, elle augmente les impôts de 100, et en redonne 33. Oh, merci madame. Alors évidemment, il y aura au passage des gagnants et des perdants, mais ce qui est sûr, c’est qu’au global, son opération consiste aux deux tiers en une hausse d’impôt. Et le tout en expliquant, quelques lignes plus haut, qu’il ne faut surtout pas augmenter les impôts !
Cette confusion sémantique n’est pas neutre du tout. D’abord, parce que nous sommes champions d’Europe en matière de prélèvements obligatoires, avec 42,8 % du PIB en 2024, on le rappelle, et que ce n’est pas un avantage compétitif. Ensuite, parce que cette confusion favorise toujours la solution de l’impôt, la solution de facilité quand on n’ose pas baisser la dépense. Ces acrobaties sémantiques sont très révélatrices d’une névrose très française.
Au ministère des Finances, à Bercy, on utilise une expression qui dit tout : la "dépense fiscale". En clair, c’est l’argent que nous pourrions ponctionner mais que généreusement, nous ne ponctionnons pas encore. Par exemple, si vous gagnez 100 et que je vous prends 50, si cet impôt est réduit à 40, ils appellent ça une "dépense fiscale" : c’est comme si je vous faisais un cadeau.
Et après on s’étonne que nous ayons les prélèvements les plus élevés d’Europe. On cite très souvent cette phrase d’Albert Camus "mal nommer les choses, c’est ajouter au malheur du monde". C’est aussi ajouter aux impôts des Français.
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