À première vue, il n'y a rien de bien méchant dans les stylos, briquets, cadres et détecteurs de fumée qu'écoule Shin Jang-jin dans son magasin d'Incheon, une ville portuaire située à 50 km à l'ouest de la capitale Séoul. Ces objets sont pourtant au cœur d'un scandale sans précédent en Corée du Sud car ils dissimulent tous une minuscule caméra espion.
Ces dix dernières années, M. Shin a vendu des milliers de gadgets du genre. Mais son commerce prend de plein fouet le ras-le-bol d'une partie de la population sud-coréenne face à l'épidémie de "molka", ce phénomène qui voit des hommes installer des caméras espion afin de filmer des femmes à leur insu dans des lieux publics.
M. Shin défend ses lentilles d'un millimètre de diamètre, qui sont selon lui utiles pour capter des preuves de violences conjugales, de violences contre les enfants.Il avoir déjà refusé de servir des clients dont le but était d'espionner des femmes dans les toilettes. "Ils pensaient qu'en tant qu'homme, je les comprendrais", raconte-t-il. "Je leur ai dit de partir".
Mais cet homme de 52 ans reconnaît bien volontiers qu'il ne peut pas toujours deviner les intentions de ses clients. Il avait d'ailleurs été entendu en 2015 par la police quand un de ses produits, une caméra dissimulée dans une coque de téléphone portable, avait servi à filmer en cachette des femmes dans le vestiaire d'un parc aquatique proche de la capitale. L'objet avait été vendu à une femme et jamais M. Shin n'aurait pensé qu'il allait servir à fabriquer et mettre en ligne de telles images.
Selon la loi sud-coréenne, les personnes qui achètent des caméras espion ne sont pas tenues de donner leur identité, ce qui rend quasi impossible de déterminer à qui appartiennent ces dispositifs, ou l'usage que les acheteurs en font. L'onde de choc provoquée par l'inflation du nombre de vidéos à caractère sexuel filmées en caméra cachée a poussé des parlementaires à déposer un projet de loi qui exigerait que les acheteurs laissent désormais leurs informations personnelles sur une base de données du gouvernement.
Cette initiative ne manque pas de susciter la panique des distributeurs comme M. Shin. L'affaire a pris une telle ampleur que les policières inspectent désormais les toilettes dans lesquelles elles vont pour vérifier qu'elles ne sont pas sous l'oeil d'une de ces caméras. Cela fait suite aux révélations de la police concernant plus de 800 couples qui avaient été filmés à leur insu, lors de relations sexuelles par des caméras dissimulées dans dans les porte sèche-cheveux, les prises murales ou les téléviseurs de 42 chambres dans 30 motels différents.
Le nombre d'infractions impliquant des caméras cachées a explosé ces dernières années en Corée du Sud, puisqu'on est passé de 2.400 plaintes en 2012 à plus de 6.500 en 2017. À en croire les statistiques, 98% des personnes condamnées sont des hommes et plus de 80% des victimes sont des femmes.
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