Ce mardi 14 novembre, un témoignage rare sur RTL : celui d'un habitant de Gaza, Rami, un journaliste palestinien indépendant qui a réussi à fuir la ville assiégée par l'armée israélienne. Il est parvenu à filmer son évacuation. Le récit de Rami commence alors qu'il pense ne pas survivre. Il est réfugié avec son fils Walid, 2 ans, sa femme Sabah et une trentaine de personnes dans le rez-de-chaussée de leur immeuble, non loin de l'hôpital Shifa.
"On était encerclés par les chars, et ils ont commencé à bombarder partout. On s'est tous dit adieu, parce que c'était tellement difficile", raconte-t-il à notre micro. Finalement, les chars ont un autre objectif. Mais le lendemain matin à 9h30, l'armée israélienne appelle sur le téléphone d'un des voisins présents. Un soldat qui parle arabe leur explique qu'ils ont trente minutes pour partir en suivant un itinéraire précis.
Cette fois, plus d'hésitation. Rami regroupe tout le monde dans le hall de l'immeuble. Des linges blancs sont accrochés à des manches à balai. Il y a des femmes, des enfants, des vieillards, des malades. Sur les vidéos capturées par Rami, on peut entendre des drones au-dessus de leurs têtes, des tirs… Rami pense que c'est pour les faire avancer plus vite.
Mais alors que tous se dirigent vers l'hôpital Shifa, à seulement 400 mètres, le journaliste court vers son voisin assis par terre. Le fils de ce dernier, Ahmad, vient d'être touché par un tir. Il est allongé sur le trottoir, face contre sol. Inerte. Du sang coule autour de lui. Le vieil homme est en état de choc, son drapeau blanc à la main.
"On n'aurait pas dû sortir, on n'aurait pas dû partir de chez nous", se désole-t-il. Impossible pour nous d'affirmer d'où venaient les tirs.
Sur leur parcours, aucun homme du Hamas. Ils ont entendu les chars, les tirs, mais ils n'ont vu personne. Rami tient aussi à faire une précision : "S'il vous plait, ne doutez pas toujours en demandant 'est-ce que le Hamas leur tiré dessus ?', 'est-ce que le Hamas a empêché les gens de partir de chez eux ?'", demande-t-il. "J'en ai marre d'entendre tout ça. Ça n'a rien à voir. Il n'y avait pas de Hamas, il n'y avait que l'armée et nous", ajoute-t-il, épuisé.
Rami et tous ses voisins arrivent ensuite à l'hôpital Shifa, où des milliers de personnes sont en train d'évacuer. Sur sa vidéo, on voit des corps au sol enroulé dans des couvertures, des gens courent partout. "C'est la panique totale à l'hôpital Shifa, tout le monde veut partir", commente Rami, à bout de souffle. "Regardez les morts, tout l'hôpital est en train d'évacuer, ça tire partout", commente-t-il encore.
La nuit tombe, il reste dormir dans les environs, puis Rami reprend la route à pied le lendemain matin. Un trajet balisé par l'armée israélienne, d'abord vers l'est puis vers le sud. Rami passe alors un checkpoint de l'armée, il doit montrer sa carte d'identité. Certains doivent se déshabiller pour montrer qu'ils n'ont pas d'objet explosif sur eux. Sur cette route, Salah Al Dine, il affirme avoir vu de nombreux cadavres de civils.
Finalement, Rami et sa famille ont atteint le sud de la bande de Gaza. Au terme d'une journée de marche, puis à cheval et enfin en voiture, Walid, Rami et Sabah ont atteint Rafah tout au sud de Gaza. Encore choqués d'avoir dû quitter leur maison, leur ville, leurs souvenirs. Aujourd'hui, Rami et sa famille ont trouvé un appartement à Rafah, et hier ils ont pu acheter des légumes. Ils n'en avaient pas vu depuis plus d'un mois.
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