Cisjordanie : pourquoi les Palestiniens attendent que leur territoire soit considéré comme un État ?

Alors que la France s'apprête ce soir à reconnaître l'État de Palestine à la tribune de l'ONU ce lundi 22 septembre, le quotidien des Palestiniens en Cisjordanie est très compliqué. Dans ce territoire où vivent les Palestiniens sous contrôle de l'armée israélienne, l'État hébreu y gère presque tout, à commencer par les routes. Une image pour l'illustrer : ces checkpoints qu'on retrouve partout sur les routes de Cisjordanie. 247 points de contrôle de l'armée israélienne dans un territoire deux fois plus petit que l'Île-de-France. 

Sameh se rend à Hébron à 40 km de Ramallah. Après cinq minutes de trajet, un premier checkpoint est en vue, des dizaines de voitures palestiniennes patientent à l'arrêt. "Ça, ce sont les bouchons car les soldats israéliens fouillent les voitures une par une. Normalement on devrait mettre 1h30 pour faire le trajet mais là avec les checkpoints ce sera 6 ou 7 heures pour arriver", explique-t-il.

Le contrôle de sécurité est finalement passé après 40 minutes d'attente, le premier checkpoint des six sur la route. Pour avoir l'autorisation de rouler, il faut avoir des papiers d'identité, Sameh sort alors une carte de son portefeuille. "Ça, c'est ma carte d'identité, il y a mon nom là. Elle est de couleur verte car elle me permet seulement de me déplacer dans certaines zones de Cisjordanie. Si je veux sortir du pays, je dois avoir une autorisation israélienne et mon passeport", a-t-il confié.

Sameh doit donc composer avec les horaires aléatoires des checkpoints pour se rendre au travail, emmener ses deux fils à l'école. S'il arrive trop tard, il ne peut plus entrer dans la ville.

Un quotidien qui dépend d'Israël

Le quotidien le plus simple d'un Palestinien de Cisjordanie dépend de l'État israélien. En plus des routes, la nourriture ou l'eau vient d'Israël, tout comme l'électricité. Fadi paie chaque mois 100 dollars au gouvernement hébreu pour avoir du courant. Et pourtant, les coupures sont quotidiennes. Ce père de deux enfants sort alors son téléphone de sa poche, il vient de recevoir un message.

"Une notification de l'entreprise d'électricité disant qu'on n'aura plus de courant aujourd'hui à Ramallah entre 8h30 et 15h30. Mais on n'a pas le choix que d'avoir l'électricité via Israël. Le frigo, on n'aura juste pas le choix de jeter certains produits. Et puis, il y a les problèmes avec l'eau, on ne la reçoit que trois fois par semaine d'Israël. C'est de l'eau avec de la boue, elle n'est même pas bonne pour la vaisselle ou pour prendre une douche", a-t-il décrit.

Un contrôle de la moindre denrée vécu comme une humiliation pour Fadi. Même les billets à l'intérieur de son portefeuille sont israéliens car il n'y a pas de monnaie palestinienne en Cisjordanie.

Outre la reconnaissance de leur État par la France et d'autres pays, les Palestiniens espèrent des actes concrets sur le terrain. Ils estiment que le symbole de la reconnaissance de la Palestine est fort, certes, mais qu'ils attendent surtout d'obtenir le contrôle sur l'eau, l'électricité, la monnaie et les routes. "À quoi bon reconnaître un État sans les pouvoirs qui vont avec", a résumé Mouna, habitante de Ramallah.