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Budget italien : Rome se rebelle contre l'Europe

La Commission européenne a rejeté le budget de l'Italie pour 2019 le 23 octobre dernier. Une première, mais Rome refuse de modifier son budget.

La vice-Premier ministre italien Matteo Salvini à Rome le 8 octobre 2018
Crédit : Luigi Mistrulli/SIPA
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François Lenglet & Marie Sasin
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L’affrontement entre Rome et la Commission s’est tendu hier, alors que le gouvernement italien a refusé de modifier son budget pour 2019. L’Italie se rebelle contre l’Europe. Elle présente un budget avec un déficit de 2,4% du PIB, ce que les experts de Bruxelles jugent incompatible avec une dette de 130% du PIB.

L’Italie a en effet la dette la plus élevée, en valeur absolue, de l’Europe, c’est la troisième plus importante dans l’OCDE, derrière les États-Unis et le Japon, rassurez-vous, la France n’est pas loin.

Mais Rome, emmené par le nouveau gouvernement populiste, veut ranimer la croissance à tout prix, et fait fi des réprimandes de Bruxelles, se mettant de fait en risque d’être puni par ce qu’on appelle une "procédure de déficit excessif", et frappé d’une amende de plusieurs milliards d’euros.

L'Italie a-t-elle besoin d'une relance ?

Oui car la situation économique de l’Italie est désastreuse. Au dernier trimestre, le pays était en croissance zéro. Et elle est toujours à 5% de PIB en dessous de son niveau d’avant la crise, en 2007. Pire, le PIB par habitant de l’Italie n’a pas bougé depuis vingt ans, depuis l’entrée dans l’euro.

Tout le problème est la nature de cette relance. L’Italie souffre d’une sous-productivité, liée au faible niveau de formation et au sous-investissement, en particulier au sud de Rome, dans le Mezzogiorno.

Ce que veut faire le gouvernement, c’est tout autre chose que remédier à ces problèmes. Ils veulent ré-avancer l’âge de la retraite, oui, ré-avancer, et mettre en place une allocation de 780 euros par mois pour les sans emploi, qu’ils appellent revenu citoyen.

Cela ranimerait peut-être temporairement l’activité, comme lorsqu’on met un cageot dans une cheminée, mais rien de durable, car les handicaps de fond ne sont pas traités.

Bruxelles a raison ?

Non, pas davantage, car la Commission se fixe sur l’orthodoxie budgétaire, ce qui n’a aucun sens pour un pays aussi délabré que l’Italie. Le pays a en effet besoin d’une relance massive, mais portant sur l‘éducation et les infrastructures, sur la modernisation des entreprises.

En réalité, Bruxelles et Rome s’empaillent pour de mauvaises raisons, comme deux personnes qui seraient face à une voiture qui ne démarre plus, l’un voulant changer les pneus, et l’autre remplacer les essuie-glaces. L’un et l’autre sont à côté de la plaque, c’est le moteur qu’il faut démonter.

Des taux d'intérêt qui montent

Voyant la dispute, les marchés financiers se débarrassent de leurs titres italiens, ce qui fait monter les taux d’intérêt. L’État italien se finance donc beaucoup plus cher que les autres grands pays de l’euro quand il emprunte de l’argent pour renouveler sa dette. Cela lui coûte des milliards : il reperd ainsi l’argent qu’il s’était octroyé en augmentant le déficit. C’est un gâchis formidable.

L'Italie bientôt en récession ?

Cette hausse des taux risque de se traduire par des difficultés pour les banques, qui vont encore moins prêter aux entreprises. L’Italie est partie pour une récession économique, ce qui ne fera qu’aggraver ses difficultés. À terme, c’est une aide financière européenne qui sera nécessaire, comme pour la Grèce.

Encore faudra t-il un gouvernement conciliant à Rome, qui puisse dialoguer avec ses partenaires. Et encore faudra t-il rajouter quelques zéros au montant prêté, car la péninsule est une économie beaucoup plus importante que la Grèce.

J’ajouterai, hypothèque supplémentaire, qu’il faudra que les partenaires de Rome s’accordent pour un tel coup de main, à une époque où les tensions au sein de l’Europe ont rarement été aussi élevées. Et au moment où le patron économique de la zone, l’Allemagne, est affaibli politiquement par la fin de règne interminable de la chancelière Merkel.

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