Bientôt la fin des dernières tribus coupées du monde ? Elles pourraient disparaître d'ici 10 ans

La menace pèse sur les tribus autochtones. L'organisation londonienne de défense des droits des peuples autochtones, Survival International, alerte sur la disparition imminente des peuples les plus isolés du monde. 

Selon son dernier rapport, publié ce dimanche 26 octobre et relayé par CBS News et NBC News, au moins 196 groupes autochtones ont été identifiés dans le monde, principalement en Amérique du Sud, non loin de la forêt amazonienne, dont 124 au Brésil. 

Il s'agit du décompte le plus complet, à ce jour, des personnes les plus isolées de la planète. Parmi elles, la moitié est menacée de disparition d'ici dix ans. En cause, la pression liée aux activités humaines.

Comme le rapporte Survival International, ces groupes sont indépendants et leur mode de vie se veut résilient et auto-suffisant, évitant ainsi tout contact avec le monde extérieur. Mais leurs terres sont de plus en plus décimées, mettant en péril les ressources naturelles dont ils dépendent. L'agroalimentaire constitue ainsi une menace majeure, représentant le principal moteur de la déforestation en Amazonie et dans le Chaco paraguayen. 

Industries extractives

D'après le rapport, 65 % des tribus autochtones sont menacées par l'exploitation forestière. Au Pérou, des images, publiées en juillet 2024, montrent des membres de la tribu Mashco Piro à la recherche de nourriture. "C'est une preuve irréfutable que de nombreux Mashco Piro vivent dans cette zone, que le gouvernement n'a pas seulement échoué à protéger mais qu'il a en fait vendue à des sociétés d'exploitation forestière", a réagi Alfredo Vargas Pio, président de l'organisation indigène locale FENAMAD, dans un communiqué de l'époque.

Environ 96 % des groupes sont également menacés par les industries extractives. L'organisation cite notamment le cas du nickel sur l'île Halmahera, en Indonésie, où la demande pour les batteries alimente une destruction écologique des terres des Hongana Manyawa. "Si nous ne soutenons pas la lutte pour leur forêt tropicale, mes proches isolés mourront", a déclaré une personne de la tribu, citée anonymement dans le rapport.

Maladies mortelles

Outre l'empiètement sur leus terres, ces peuples font face à d'autres menaces, dont l'introduction de maladies (grippe, rougeole, etc.) contre lesquelles ils n'ont pas d'immunité. Des exemples historiques montrent que, après un premier contact, une proportion très élevée de la population peut succomber. "Un simple rhume dont vous et moi nous remettons en une semaine… ils pourraient en mourir", relève le Dr Subhra Bhattacharjee, directeur général du Forest Stewardship Council et expert des droits autochtones basé à Bonn, en Allemagne, auprès de CBS News. 

Une partie des tribus autochtones sont aussi en proie à la pression de missionnaires évangéliques mais aussi à celles des influenceurs, qui cherchent à établir un premier contact. En avril dernier, un Américain s'était rendu sur une île de l'archipel indien d'Andaman-et-Nicobar, interdite d'accès, laissant une canette de soda en guise d'offrande à destination de la tribu des Sentinelles, connue pour tirer sur les étrangers. Un missionnaire américain, souhaitant évangéliser cette peuplade, a notamment été tué en 2018. "Les peuples autochtones sont devenus un spectacle. Ils sont là pour être consommés par un public mondial", regrette Michael Rivera, anthropologue à l'Université de Hong Kong, auprès de NBC News.

Fort de ce constat, Survival International appelle à une politique mondiale de non-contact et à la mise en place d'un cadre juridique, prônant notamment pour une reconnaissance légale des territoires non contactés et la suspension des projets miniers, pétroliers et agroalimentaires sur ou à proximité de ces terres.

L’actualité par la rédaction de RTL dans votre boîte mail.

Grâce à votre compte RTL abonnez-vous à la newsletter RTL info pour suivre toute l'actualité au quotidien

Je créé mon compte Se connecter

S’abonner à la Newsletter RTL Info