Augustin Trapenard sur RTL analyse l'Amérique de Trump à l'aune du "Parrain" de Coppola dans sa première chronique

L'Amérique de Donald Trump, c'est clairement Le Parrain de Coppola. Dans un discours qu'il a tenu cet été à San Francisco, Francis Ford Coppola a comparé le destin de son anti-héros, Michael Corleone, avec les dérives politiques et morales de l'Amérique d'aujourd'hui, même s'il n'a pas parlé explicitement du président américain. 

Il a rappelé que Le Parrain, et tous les films de gangsters depuis les années 30, ne parlent pas d'abord de mafia, mais de capitalisme. De l'Amérique qui se vautre dans le pouvoir et dans l'argent au point d'en oublier toutes ses valeurs. C'est en fait une chute comparable pour Coppola à la chute de l'Empire romain. 

Le Parrain, c'est l'histoire de ce fils, Michael Corleone joué par Al Pacino. Un héros de la Deuxième Guerre mondiale qui a pris ses distances avec la pègre, avec son père incarné par Marlon Brando. Il va pourtant prendre la relève et réussir à faire pire. C'est l'histoire d'un système où ceux qui triomphent sont ceux qui abandonnent leur sens moral.

"Ce n'est pas personnel, c'est le business"

Ce qui est génial, c'est la justification que Michael Corleone trouve au moment il annonce avec son flegme machiavélique qu'il va venger son père qui a survécu à une tentative de meurtre : "ce n'est pas personnel, c'est le business". Tant pis pour la justice, tant pis pour la morale, tant pis pour la vérité. La seule chose qui compte à partir de maintenant, c'est quoi ? C'est la famille, c'est le pouvoir, c'est l'argent. C'est ça le business : la famille, le pouvoir et l'argent.

Pour Coppola, l'incarnation de la corruption de l'Amérique, c'est évidemment Donald Corleone Trump qui gouverne avec un cercle très fermé, familial, qui ne jure que par la loyauté au détriment de tout le reste, qui confond souvent le pouvoir et les intérêts privés et qui pense évidemment que tout se monnaie et que tout s'achète. Revoir Le Parrain en ayant ça en tête, ça éclaire pas mal de choses.