Dans peu de temps, le 26 septembre 2021, la chancelière allemande Angela Merkel quittera le pouvoir. La raison, les élections législatives auxquelles elle ne se représentera pas. Et on est tenté de dire : tant mieux. Celle-ci s’en ira au terme de quatre mandats, soit 15 ans et dix mois au pouvoir. Presque autant que son mentor, le chancelier Helmut Kohl, qui avait lui passé de justesse la barre des 16 ans au pouvoir. Angela Merkel aura connu quatre présidents français : Chirac, Sarkozy, Hollande et Macron.
Au cours de l'intégralité de tous ses mandats, le
bilan de la chancelière allemande est largement surestimé. C’est à coup sûr un animal politique
hors pair. En effet, celle-ci a toujours suivi l’opinion publique. Un peu comme notre Jacques
Chirac. Mais elle n’a pas fait grand-chose.
Si le bilan d'Angela Merkel est surestimé, l'économie allemande a tout de même prospéré sous son règne. De 2006, lors de sa prise de fonction, à
2020, le PIB par tête a progressé de 56% outre-Rhin, selon l’OCDE. Sur la même
période, le PIB d’un Français n’a pris que 43%.
Les grandes décisions qu’elles a prises étaient dictées par l’urgence, voire la démagogie
François Lenglet
Mais cette surperformance
allemande est en partie due à des réformes qui avaient été faites par son
prédécesseur social-démocrate, Gerhardt Schroeder, dont elle a profité. Pour le
reste, les grandes décisions qu’elles a prises étaient dictées par l’urgence,
voire la démagogie.
La
décision de sortir du nucléaire, a notamment été prise brutalement après la catastrophe de
Fukushima, sans concertation aucune avec les pays voisins, dans l’impréparation
totale. Décision qui s’est traduite par une augmentation considérable des
émissions carbone du pays, à cause des centrales à charbon qui ont compensé.
Puis elle s’est mise dans la main de Poutine, avec le gazoduc NordStream2, inauguré ces jours-ci, qui va installer l’Allemagne sous dépendance énergétique de Moscou en lui livrant du gaz russe. Pour Poutine, c’était la partenaire idéale.
On pourrait aussi évoquer la crise des migrants, où la décision unilatérale de l’Allemagne d’accueillir un million de réfugiés, syriens en grande part, en 2015, a créé un formidable appel d’air pour les candidats à l’exil qui a déstabilisé tout le continent et a également nourri le populisme en Europe. Il faut toutefois ajouter que l’intégration et la formation de ces réfugiés en Allemagne a été remarquablement rapide.
On peut noter deux époques très différentes. Pendant 15 ans, elle est très rigoureuse sur le plan financier et monétaire, au point de mettre en péril l’économie de la zone euro. En octobre 2008 par exemple, alors que le système financier s’effondre, elle refuse de garantir les dépôts et de soutenir les banques. Ce que demandent Nicolas Sarkozy et le premier ministre britannique Gordon Brown. Elle y sera contrainte quelques heures plus tard, devant l’effondrement des banques allemandes.
Au moment de la crise grecque, là encore elle refuse de soutenir le pays dans un premier temps, au nom de la défense des intérêts financiers de Berlin. Elle ne comprend pas la gravité du risque pour l’euro. Son entêtement explique en partie la crise de l’euro, en 2011-2012, avec la sous-croissance de la zone qui l’a accompagnée.
Il faudra attendre la dernière année, pendant l’épidémie, alors qu’elle a annoncé sa retraite, pour qu’elle accepte de mutualiser le coût d’un plan de relance européen de 800 milliards d’euros. Finalement, la meilleure Merkel aura été celle qui s’en va.
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