Accord militaire "historique", paix "avant 2027"... Ce qu'il faut retenir de la conférence de presse de Macron et de Zelensky

Une neuvième visite depuis le début de la guerre en Ukraine en février 2022. Emmanuel Macron a accueilli Volodymyr Zelensky, ce lundi 17 novembre sur la base aérienne de Villacoublay, près de Paris. Objectif : discuter des besoins militaires de Kiev et de la coopération des industries de défense des deux pays. 

Lors d'une conférence de presse commune, organisée à l'Élysée, Emmanuel Macron a dénoncé "l'obstination" et "l'intransigeance", assortie d'une "forme d'addiction de la Russie pour la guerre". La France, elle, demeure "entêtée" à soutenir l'Ukraine, a indiqué le chef de l'État. "La Russie ne doit pas miser sur notre fatigue", a-t-il poursuivi. 

Selon le président de la République, cette visite de Volodymyr Zelensky marque un tournant dans la guerre en Ukraine et la volonté de mettre en place un processus de paix. "Nous franchissons une nouvelle étape", a-t-il indiqué en expliquant que la France doit "continuer à aider l'Ukraine à résister" avec "la modernisation de ses forces armées". Et de conclure : "Tout est prêt pour la paix".

Jusqu'à 100 Rafale achetés par Kiev

Une "déclaration d'intention" a été signé par Volodymyr Zelensky avec Emmanuel Macron en vue de l'achat jusqu'à 100 futurs avions de combat français Rafale. "C'est la nouvelle génération qui s'ouvre après la livraison des Mirages 2000", a-t-il ajouté. Emmanuel Macron a indiqué qu'il était nécessaire pour l'Ukraine de se doter d'une "capacité de dissuasion" contre toutes "tentatives d'incursion". De son côté, Volodymyr Zelensky a qualifié cet accord d'"historique".

Le président de la République a aussi expliqué que cet accord intègre aussi "les programmes de formation qui doivent les accompagner et les programme de production". Aux Rafale s'ajoutent donc "leurs armements associés", ainsi que d'autres armements, dont le système de défense aérienne SAMP-T nouvelle génération en cours de développement, des systèmes de radar et des drones. Il doit être livré à partir de 2027.

Le mois dernier, Volodymyr Zelensky a déjà signé une lettre d'intention en vue d'acquérir 100 à 150 avions de chasse suédois Gripen. Une manière d'afficher un tournant par rapport aux cessions d'armements par les pays occidentaux alliés et de planifier le renforcement à long terme de la défense ukrainienne après l'issue du conflit. 

Des missiles anti-aérien

Emmanuel Macron a vanté un "renforcement de la coopération bilatérale" entre la France et l'Ukraine. Un renforcement "immédiat" et qui s'étend "sur les dix prochaines années", a précisé Emmanuel Macron lors de cette conférence de presse. Le président de la République a aussi évoqué l'envoi de "drones, d'intercepteurs de drones et de bombes guidées et des engagements de production d'ici à la fin de l'année et sur les trois ans qui viennent" à l'Ukraine.

Kiev entend utiliser cette année plus de 4,5 millions de drones, qui sont responsables de 70% des destructions de matériels ennemis sur le front. Le pays a développé pour cela un agile réseau de production. L'Ukraine utilise également des drones pour abattre les drones Shahed lancés chaque nuit contre elle. 

55 locomotives Alstom

Autre annonce : l'Ukraine a acheté 55 locomotives auprès d'Alstom. Un contrat qui s'élève à 470 millions d'euros, comme l'a indiqué Emmanuel Macron. "Ces locomotives qui sont fabriquées dans le territoire de Belfort, sont une autre manifestation concrète de notre partenariat économique et stratégique dans la durée, en soutien à un acteur clé justement de la résistance ukrainienne", a expliqué le président.

Selon Alstom, les machines concernées sont des Traxx Hauler, locomotives électriques dédiées au fret et capables de fonctionner sur deux types de tension. Leur livraison interviendra à partir de 2027. 

Un tacle à Donald Trump

Après avoir détaillé le contenu de l'accord signé avec l'Ukraine, Emmanuel Macron a adressé un tacle, sans le nommer, à Donald Trump. Interrogé sur le soutien des pays à l'Ukraine, le président français a déclaré : "Je note que dans d'autres démocraties et pas des moindres, où des candidats avaient dit que les choses s'arrêteraient en 24 heures, et qu'il ne fallait peut-être plus soutenir l'Ukraine, la confrontation à la réalité peut changer la donne". 

Le chef de l'État fait ainsi une allusion aux déclarations de Donald Trump qui dans la foulée de sa réélection avait assuré obtenir un cessez-le-feu en 24 heures. "Ce qui s'est passé de l'autre côté de l'Atlantique devrait en inspirer beaucoup et les rendre moins péremptoires", a ajouté Emmanuel Macron.

Accroître la pression sur la flotte fantôme russe

Interrogé ensuite sur les enjeux politiques en France avec l'élection présidentielle de 2027 et les conséquences sur les relations entre l'Ukraine et la France, Emmanuel Macron a indiqué : "J'espère que la paix sera obtenue avant 2027". "Et je pense que les derniers mois ont été marqués par des décisions qui ont été de véritables tournants" dans la guerre, a-t-il rappelé. 

"Je suis pour ma part toujours aussi déterminé à obtenir cette paix. Je pense qu'il faut continuer d'accroître la pression comme nous le faisons par les sanctions et par la lutte contre la flotte fantôme", a-t-il ajouté. Elle le permet de contourner certaines sanctions européennes.

Une attaque russe sur Kiev le 14 novembre dernier

Le 14 novembre, une attaque russe de missiles et de drones a ciblé principalement de nombreux quartiers de Kiev et a fait au moins quatre morts, tandis que Moscou a dit avoir détruit plus de 200 drones ukrainiens sur son territoire. "Quatre personnes ont été tuées (...), environ 430 drones et 18 missiles ont été utilisés", déclarait Vlodymyr Zelensky, accusant la Russie d'une "attaque calculée pour causer un maximum de dommages à la population et de dégâts aux infrastructures civiles". 

Selon les secours, huit des dix districts de la ville ont été touchés par les frappes. La police a précisé qu'une trentaine d'immeubles résidentiels avaient été endommagés dans les frappes nocturnes. Aucune information n'a été communiquée sur le nombre de blessés. 

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