Vacances d'été : et si vous achetiez des tongs fabriquées en France ?
REPORTAGE - La marque Couleur Tong propose une collection de tongs colorées fabriquées en France.

C'est par le surf qu'Éric Meydew est arrivé jusqu'à la tong
française. À l'époque, on était à la fin des années 80. Il travaillait dans un
magasin de sports de glisse, sur la neige l'hiver et sur l'eau l'été. Planches,
vêtements, accessoires... "On vendait aussi à l'époque des tongs en
plastique chinoises, je trouvais ça très vilain, raconte-t-il. Il se trouve que par hasard, j'avais un voisin qui avait un petit bureau d'études de chaussures
et je lui avais demandé tout simplement 'Est-ce que tu pourrais pas me faire ?
Une tong en cuir un peu jolie?' Et voilà, ça a commencé comme ça. Donc il nous
a fait quelques échantillons, puis on s'est mis à les vendre. Ça a pas mal
marché. On avait vraiment la volonté de faire 100% de la production en France et chez
nous, ce qui est le cas actuellement."
En France, 5 millions de claquettes en
V sont vendues chaque année. Toutes viennent d'Asie, sauf ces cinq mille paires
qui sortent de l'atelier d'Éric Meydew et de ses deux associés à Vinay, entre
Valence et Grenoble, pas très loin d'ailleurs de la capitale de la chaussure de
luxe roman.
Ces tongs made in France sont reconnaissables à deux
caractéristiques. Elles sont en cuir, et pas en plastique. Elles sont très
colorées. "On a une gamme de coloris qui est très, très, très large, qui ne serait absolument pas possible de faire en faisant de l'importation de produits
asiatiques, explique Éric Meydew. Et on est capable de réagir très vite. C'est-à-dire qu'en début de
saison, on voit très rapidement quels sont les coloris qui vont marcher. Ce qui
marche cette année et qui n'a pas du tout le marché l'an dernier, c'est le
turquoise et le vert et on fabrique en fonction de la demande."
Il y a beaucoup moins d'offres au niveau français
Éric Meydew
Pas de robot dans l'atelier, pas de production à la chaîne non plus. La difficulté, quand on veut se passer de sous-traitants chinois, c'est de trouver des fournisseurs locaux pour les pièces indispensables à la fabrication. "Le tissu industriel français a vachement diminué. Il y a vingt ans en arrière, vous aviez des salons avec des fournisseurs dans tous les sens de tout ce que vous vouliez, de semelle, de sangles, d'écussons, de broderie. Et maintenant, c'est quand même beaucoup plus difficile. Maintenant, vous êtes quand même obligé de raisonner en Européens. Donc, il y a beaucoup moins d'offres au niveau français. Un exemple : pour les fabricants de semelles, y a plus un seul fabricant de mousse qu'on utilise pour les semelles en France."
La matière première utilisée reste malgré tout de grande qualité. Le
cuir, notamment, qui vient d'Italie. "Des tanneurs européens sont soumis à des règles, des règles environnementales qui sont drastiques, notamment en ce qui concerne la tenue en
chlore dans les produits, etc. Et vous avez des qualités au niveau des couleurs
tout simplement, qui n'ont rien à voir avec ce que vous pouvez trouver en Asie,
par exemple."
Entre 39 et 49 euros
Ceci dit, les tongs d'Éric Meydew sont bien conçues et assemblées en France. Commercialisées aussi en France, circuit courts, à un prix totalement assumé. "Entre 39 et 49 euros prix public. Si on parle de produits comparables, c'est-à-dire des produits en cuir, on est tout à fait bien placés, voire moins chers que du produit en cuir asiatique. Ceci dit, je me suis rendu compte que dans de nombreux cas, quand les gens me demandent ce que je fais, je leur dis 'Je fais les tongs made in France' avant même que je leur ai dit le prix, dans leur tête, ce n'est pas pour eux parce que c'est trop cher. Je fabrique des tongs en France. 'Oh là! Bon, c'est pas pour moi.' Ils ne demandent même pas le prix."
Pourtant, il n'est pas trop inquiet pour la suite. Couleur Tongs se porte plutôt bien et les perspectives sont encourageantes. "Je pense que les gens sont de plus en plus sensibles d'une façon générale, au mieux acheter et dans le mieux acheter je dis, l'écologie, je dis le made in France, je dis sociétale. C'est quand même une tendance qui se développe et je pense qu'on n'est dedans. En tout cas, la progression de nos ventes montre que ça va durer, je l'espère. En tout cas". Nous aussi.