Salaires : pourquoi les augmentations atteignent un niveau historiquement bas en 2025

Mauvaise nouvelle pour le pouvoir d'achat. Les entreprises françaises ont fortement revu à la baisse les budgets d'augmentation pour l'année 2025, par rapport à l'année dernière. Une enquête du cabinet Mercer publiée ce jeudi 10 juillet fait état d'augmentation générale à un niveau historiquement bas.

Le budget médian d'augmentation cette année est de 2,5%. Quel que soit le salaire, ça ne change pas vraiment la fin du mois. Si on compare à l'année dernière, c'est presque deux fois moins, 4% à l'époque. D'après les chiffres du cabinet Mercer, 7% des entreprises ont même décidé de geler les salaires. Cela faisait 4 ans que ça n'était pas arrivé, à l'époque, on était dans l'incertitude de la sortie de la crise Covid. 

Les augmentations de plus en plus individuelles et de moins en moins collectives, les augmentations générales sont même faméliques, avec une médiane à 0,2%, d'où un climat social plus tendu que d'habitude. Les entreprises ont finalisé beaucoup plus tard leur négociation annuelle obligatoire cette année.

Le taux de pauvreté atteint un niveau record

Les entreprises ont beaucoup donné les années précédentes. 3,5% en 2022, 4,5% en 2023, 4% l'an dernier, ça retombe donc un peu. Il y a moins de raisons d'augmenter les salaires. Ces dernières années, on a connu une crise d'inflation avec la guerre en Ukraine. Mais les entreprises ont suivi, avec un petit décalage, mais quand même. Factuellement, l'an dernier, les augmentations moyennes étaient supérieures à l'inflation. C'est aussi le cas cette année. Ça paraît faible, 2,5% d'augmentation de salaire, mais l'inflation, c'est 1,3%, selon ce qui est prévu par la Banque de France. Au-delà d'une forme de retour à la normale, la situation politico-économique contraint aussi les entreprises à la prudence.

À lire aussi

égalité hommes-femmes

Inégalités salariales : pourquoi les femmes "travailleront gratuitement" dès le 10 novembre 2025 ?

"Elles sont inquiètes, estime Sophie De Heer, responsable des enquêtes chez Mercer France, parce qu'effectivement, quand on voit le vote du budget cette année où elles étaient obligées de calculer des estimations de coûts supplémentaires par rapport à des aides qui allaient être abandonnées, elles ont peu de visibilité par rapport à l'instabilité politique qu'on a en France. Le business est plus dur aussi, le développement du chiffre d'affaires est plus compliqué. Elles essayent d'être le plus raisonnable possible dans la mesure de ce qu'elles peuvent fournir".

Le taux de pauvreté, lui, atteint des records. D'après des chiffres de l'Insee, 15% des Français vivent sous le seuil de pauvreté. Cela représente pratiquement 10 millions de personnes qui vivent avec moins de 1.288 euros bruts, du jamais vu en 30 ans de relevés. Ce qu'il faut dire aussi, c'est que les augmentations n'ont pas vocation à réduire les inégalités. Elles peuvent même les aggraver. 2,5% d'augmentation, donc la moyenne de cette année. Pour une personne au SMIC, ça fait 45 euros d'augmentation brute. Pour une personne qui gagne 3.000 euros, c'est 75 euros de plus.

À écouter aussi

L'angle éco de François Lenglet

HORS-SÉRIE LENGLET-CO - Les inégalités augmentent-elles vraiment dans le monde ?

26/04/2025 à 02:00 - 10m36s