Pouvoir d'achat : pourquoi les salaires augmenteront moins en 2025 ?
En 2025, les salaires devraient connaître une hausse modérée de 2,47%, bien en deçà des augmentations observées cette année.
Mauvaise nouvelle en perspective, les salaires devraient moins augmenter l'année prochaine, plus 2,47%, selon l'étude annuelle du cabinet Alixio. Les salaires, c'est le contraire des prix à la pompe. En général, le carburant, il répercute immédiatement les hausses du cours du brut de pétrole dans les stations-services et ils mettent un tout petit peu plus de temps à prendre en compte les baisses du baril.
Pour les salaires, on met du temps à rattraper les niveaux de l'inflation quand ça monte, mais on applique tout de suite la modération salariale quand l'inflation descend. Les patrons sont inquiets et franchement on peut le comprendre en ce moment. Plus de 2,47%, ce n'est pas choquant si on compare cette hausse globale à l'inflation.
Les retraites, par exemple, au premier janvier prochain, qui suivent l'inflation, seront revalorisées de 2,2%. Donc, c'est correct. Mais évidemment, c'est moins que cette année où les augmentations de salaires étaient de 3,5%.
Des salaires qui n'ont pas suivi l'évolution des prix
Ces dernières années, l'inflation était très forte. Le problème ce n'est pas 2025, ce sont les années de très forte inflation où les salaires n'ont pas suivi l'évolution des prix. Il y a un paradoxe très français. On a un coût de la main d'œuvre élevé, mais une grande majorité des salaires sont bas par rapport au niveau de la vie du pays.
Nous avons 17,3 % des employés au SMIC. C'était 11% en 2015. Le marché du travail, il s'est paupérisé. Donc les salaires progressent moins vite que les prix. Si on prend les chiffres de l'INSEE, en 2023, les salaires ont progressé de 4,1%, mais l'inflation, elle était de 4,9%. Ainsi, il y a eu perte de pouvoir d'achat. Un salarié était moins à l'aise financièrement fin 2023 qu'en 2019, mais c'est maintenant qu'on va vraiment s'en rendre compte.
Pendant le pic d'inflation, il y a eu un amortisseur puissant, l'État. L'État a compensé le manque de hausse salariale par le bouclier tarifaire, les primes Macron. Aujourd'hui, tous ces dispositifs ont disparu. Seulement 4% des entreprises prévoient de verser la prime Macron cette année. L'inflation diminue, c'est vrai, mais les prix restent supérieurs à ceux de 2020. Et on mesure donc la perte de pouvoir d'achat que nous avons subi en quatre ans.
Des tensions à cause des salaires
Une entreprise sur deux s'attend à des tensions à cause des salaires dans les prochains mois, selon le baromètre Alixio. On en voit d'ailleurs quelques-unes, mais ça n'est pas certain parce que si le chômage recommence à monter, les travailleurs vont avoir peur de perdre leur emploi et seront donc moins revendicatifs.
Le marché de l'emploi se dégrade très vite depuis quelques mois. Une entreprise sur deux va geler les recrutements et une entreprise sur trois prévoit même de réduire ses effectifs. Selon l'étude Robert Walters, ce sont surtout les cadres qui vont avoir des augmentations supérieures à la moyenne, parce qu'on manque de managers.
Quelques exemples. Les financiers, qui sont spécialisés dans les rachats d'entreprises, verront le salaire augmenter de 5%. Les responsables cybersécurité, les ingénieurs en intelligence artificielle, peuvent espérer entre 3 et 4%. Les postes aux ressources humaines, si on licencie ou si on restructure, il en faut, c'est plus de 4%. En revanche, les métiers du commerce ou de la construction sont à l'image de leur secteur en bas du classement, avec des hausses de 2,1 à 2,2%.
