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Revente d'entreprises : face à la pénurie de repreneurs, les patrons qui partent en retraite désespèrent

De plus en plus de chefs d'entreprises sont en âge de partir à la retraite. Paradoxalement, ils ont de plus en plus de mal à vendre leur entreprise. En 2023, le nombre de cessions de PME a chuté de 20% sur un an.

Vendre les "clés" de son entreprise est une tâche longue et difficile pour les patrons de PME.
Crédit : RTL
RTL ÉVÉNEMENT - Petits patrons cherchent repreneurs désespérément
00:04:09
Mathilde Piqué - édité par Benoît Leroy
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Les annonces de vente d'entreprises pleuvent sur Internet ces derniers mois avec une justification qui se répète : "À céder, cause retraite". Pourtant, les cessions sont en recul. En 2023, ces ventes ont baissé de 2% et même de 20% si l'on s'intéresse uniquement aux petites et moyennes entreprises. Celles qui emploient moins de 250 salariés. Et les annonces sont variées : un garage automobile dans la Creuse, un cabinet de maîtrise d'œuvre dans les Landes ou bien encore un salon de coiffure dans les Deux-Sèvres. 

Parmi ces petits patrons, il y a Gérard Cayla. Il a 75 ans et en a passé trente à la tête d'une entreprise de nourriture pour animaux dans le Val-de-Marne. Il cherche un repreneur depuis cinq ans. "C'est l'appel de l'âge. Cela me dévore mon temps, cela dévore ma vie. Je me sens un peu plus fatigué que d'ordinaire. Je ne vois pas passer les années. À 80 ans, je serai encore là. Je n'aurais pas du tout profité de la vie. Il faut absolument que je vende en 2024. Je ne peux pas continuer comme ça. Ce n'est pas raisonnable", témoigne-t-il sur RTL.

Chaque année, on estime qu'environ 20.000 offres, comme celle de Gérard, restent sans réponse. Alors qu'on annonce le chômage à la hausse en 2024, un patron qui ne trouve pas de repreneur, c'est surtout de l'emploi en danger. En tout, 160.000 postes sont en jeu rien que dans les PME. Cela induirait une hausse de 5% du nombre de chômeurs inscrits à Pôle Emploi (devenu le 1ᵉʳ janvier 2024 France Travail).

La question de la pérennité des emplois, priorité n°1

Alors, quand vous êtes un petit patron qui approche de la retraite, vos salariés deviennent votre inquiétude n°1. "Les emplois peuvent être menacés. On y pense bien sûr. C'est très important", assure Gérard Cayla. "La solution, cela va être de vendre à un concurrent. Au niveau des employés, je ne suis pas sûr qu'il puisse tous les garder : ils vont faire, sans aucun doute, une économie d'échelle", analyse-t-il.

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Plus d'un tiers des patrons disent rencontrer des difficultés à trouver le bon repreneur. La lenteur du processus joue aussi. "Je n'étais pas très motivé au début. Il y a quatre à cinq ans, j'étais encore en pleine forme. Je me suis dit qu'on allait chercher et qu'on allait voir ce que cela donnerait", explique Gérard. Il confie ne pas avoir imaginé que la tâche serait si ardue. Il explique être en discussion avec un repreneur éventuel depuis huit mois : "on traîne, on traîne, on traîne", martèle-t-il. Pourtant, il faudrait aller plus vite : 45% des patrons ont plus de 50 ans. D'ici à 2034, ils seront 700.000 à céder leur entreprise.

Toutes ces difficultés s'expliquent assez rapidement. Il y a d'abord le contexte économique avec l'inflation et l'instabilité internationale. Certaines entreprises à reprendre ont aussi été fragilisées par la crise sanitaire. Selon le cabinet Epsilon, plus de la moitié des projets de cessions ont été reportés à cause de la conjoncture économique en 2023.

Une quête de la "perle rare" parfois compliquée et longue

Pour faire face au défi du vieillissement de nos patrons, la Chambre des Métiers et de l'Artisanat a développé un programme pour mettre en relation les patrons avec des repreneurs. Et parfois, ça marche ! Heureusement, des chefs d'entreprises trouvent encore des repreneurs.

C'est le cas, notamment, de Novex, installée en région parisienne. Elle est spécialisée dans la vente de matériel de beauté. Pendant dix-huit mois, Frédéric Poli - 64 ans - a cherché la perle rare. Il n'avait qu'un seul critère en tête : la stabilité pour ses sept employés. "J'ai évacué des candidats qui venaient en disant : 'je vais très vite transférer tout le monde en Bretagne'. Les gens n'auraient pas suivi. C'était un peu grave", explique-t-il au micro de RTL. Il assure que cette stabilité a été son "souci principal" : "[Vendre son entreprise], ce n'est pas juste prendre un chèque et se barrer". 

Un nouveau patron, ce sont de nouvelles habitudes, un fonctionnement différent. J'ai reçu individuellement chacun des collaborateurs

Damien de Charry, repreneur d'une PME en région parisienne

En 2023, il a fini par parier sur la candidature de Damien de Charry. "J'ai rencontré deux personnes - Frédéric et son épouse Véronique - avec une vue et un souhait de pérenniser, de développer Novex qui s'inscrivait pleinement et parfaitement dans ce que je comptais faire : m'appuyer sur l'équipe en place", explique le repreneur à RTL.

Dès son arrivée, Damien a justement voulu rassurer. "Un nouveau patron, ce sont de nouvelles habitudes, un fonctionnement différent. J'ai reçu individuellement chacun des collaborateurs", raconte-t-il. "Cela va être une année de transition", reconnaît l'une des employées.

Tous les patrons n'ont pas la possibilité de léguer leur entreprise à leurs descendants. Seulement un quart des PME se transmet au sein des familles.

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