Le projet de réforme des retraites prend un tour inattendu. Un solide front du refus syndical est en train de se constituer, avec un mouvement de grève qui s'annonce très suivi, au moins dans les transports publics, le 5 décembre prochain. Le gouvernement pensait éviter une telle épreuve, avec force, concertation et en mettant tout le monde dans le chaudron de la réforme. Finalement, les mécontents se coalisent.
Parmi ceux-là, il y a
bien sûr les régimes spéciaux, ceux de la RATP, de la SNCF, de certains
fonctionnaires, très avantageux, mais aussi ce qu'on
appelle les régimes autonomes. Ce sont les professions qui gèrent elles-mêmes
leur caisse de retraite, et ne veulent pas être fondues dans un régime
universel. En fait, elles ont peur de payer pour les autres, car elles n'ont pas confiance dans les capacités de gestion de l'État - on
ne peut pas leur donner tout à fait tort. Ce sont les avocats, les pilotes de
ligne, les infirmières.
L'exécutif
est en train de réfléchir à ce qui ressemble à une reculade,
au moins en terme de calendrier, avant même l'épreuve sociale. On peut
d'ailleurs penser que le front syndical va se durcir, en sentant la peur de
l'adversaire. La reculade, ce serait de différer la mise en œuvre de la
réforme, au moins pour les plus hostiles que sont les
salariés des régimes spéciaux. Le risque étant que ces régimes perdurent des
dizaines d'années, alors que les braves pigeons salariés du privé passeraient à
la moulinette, n'ayant pas la capacité bloquer le pays. Les régimes deviendraient non plus spéciaux mais super-spéciaux. Pour une
réforme qui voulait établir l'égalité entre les Français, ce serait évidemment
regrettable.
Il existe des solutions. Il y a ce ce qu'on appelle la "clause du grand-père" généralisée. En clair, la réforme ne concernerait que les futurs entrants sur le marché du travail, et pas les actifs d'aujourd'hui. Ça veut dire qu'elle ne s'appliquerait que dans 45 ans. Rendez-vous donc en 2065... Avec quand même un problème de taille. Les taux de cotisation retraite ne seraient pas les mêmes pour les actifs d'aujourd'hui et ceux de demain, touchés par la réforme. Donc les salaires seraient différents pour des emplois identiques pendant un demi-siècle. Une chose difficilement concevable.
Et il y
a bien d'autres problèmes qui se profilent. Parce que l'égalisation des
conditions de retraite, quelle que soit la date envisagée pour la déclencher,
nécessite l'égalisation des carrières. Les enseignants, par exemple, ont un salaire faible mais une retraite, proportionnellement, élevée.
Si on les passe au régime général, il faudra revaloriser leurs traitements.
Idem pour les policiers.
Pour les fonctionnaires, il va falloir intégrer leurs
primes dans le calcul, elles comptent pour 22% de
leur rémunération. Chez les militaires, c'est 36%. Les intégrer, ça veut dire
les frapper de cotisations, donc faire baisser leur pouvoir d'achat, à moins
qu'on ne compense en partie. Pour résumer, de nombreuses professions vont
demander un arrosage substantiel. Ce sont des
milliards, des dizaines de milliards d'euros qu'il va falloir mobiliser pour
mettre du lubrifiant dans cette machine infernale.
Bienvenue sur RTL
Ne manquez rien de l'actualité en activant les notifications sur votre navigateur
Cliquez sur “Autoriser” pour poursuivre votre navigation en recevant des notifications. Vous recevrez ponctuellement sous forme de notifciation des actualités RTL. Pour vous désabonner, modifier vos préférences, rendez-vous à tout moment dans le centre de notification de votre équipement.
Bienvenue sur RTL
Rejoignez la communauté RTL, RTL2 et Fun Radio pour profiter du meilleur de la radio
Je crée mon compte