La Reine d'Angleterre prononcera aujourd'hui le discours du Trône, alors que le Brexit entre dans sa phase finale. "Chapeau bas, étrangers", ce sont ces mots qui seront prononcés tout à l'heure, lorsque la souveraine entrera à la Chambre des Lords, pour faire ce discours rituel.
Après 77 ans de règne, Elisabeth II devra mettre sans sa royale bouche les mots écrits par le Premier ministre, Boris Johnson, comme le veut la tradition. Anti-brexit elle-même, elle va pourtant détailler la stratégie britannique pour les derniers jours qui restent avant la sortie de l'Union, le 31 octobre prochain, contrainte qu'elle est par la tradition politique britannique qui veut que la Reine se plie aux projets du Premier ministre en place.
Son argument étant que les Anglais nous ralentissent dans la construction européenne depuis quarante ans. Permettez-moi de ne pas être d'accord du tout avec lui. C'est une analyse plus que contestable. Les Anglais vont nous manquer.
D'abord parce qu'il faut des empêcheurs de tourner en rond, dans toute association comme celle-là. Anti-fédéralistes à bloc, ils ont empêché certains transferts de souveraineté, par exemple en matière fiscale. Qui peut s'en plaindre, alors qu'on voit aujourd'hui que ces transferts sont récusés par les opinions publiques ?
Si Londres n'avait pas été dans le marché commun, à coup sûr, nous aurions déjà des impôts européens - on a déjà de quoi faire avec les impôts nationaux. Et peut-être y aurait-il, à cause de cela, plusieurs pays prêts à sortir. Certes, mais c'est vrai qu'ils étaient souvent contre les propositions de la Commission ?
Au nom de leur tradition politique profondément démocratique, dans laquelle des fonctionnaires ne peuvent pas faire la loi seuls. Là encore, c'est contraire à l'idée française, où une petite élite décide et prépare les progrès de l'Europe avalisés plus tard par les parlementaires nationaux.
Mais cette approche britannique, foncièrement indépendante, foncièrement démocratique, apportait un précieux contrepoids. J'ajoute que le Royaume-Uni était le seul interlocuteur de la France sur des sujets régaliens très importants.
Lesquels ? La défense et la politique étrangère, excusez du peu. Comme c'est un très vieux pays, qui a eu un empire, comme la France, c'est aussi un pays qui se pense spontanément comme universel. Ça peut sembler daté, mais la France a exactement la même perception. Ce qui se passe dans le monde nous concerne, nous y avons des intérêts à défendre.
Comme les Anglais. Conséquence de cela, le Royaume-Uni est le seul pays qui, avec la France, possède en Europe une armée capable de se projeter à l'extérieur des frontières. C'est bien sûr un soutien essentiel à la diplomatie.
Sans armée, on n'est pas écouté. C'est pour cela que la voix de l'Allemagne ne compte guère. J'ajoute que le départ de Londres va nous laisser dans un tête à tête avec l'Allemagne qui n'est pas très sain, maintenant que la bonne volonté automatique de la réconciliation d'après-guerre s'évanouit.
Le centre de gravité politique de l'Angleterre va s'éloigner, avec le Brexit ? Je ne peux, pour vous répondre, que citer De Gaulle, écrivant dans ses mémoires : "M. Churchill et moi tombâmes modestement d'accord, pour tirer des événements qui avaient brisé l'Occident, cette conclusion banale mais définitive : l'Angleterre est une île, la France, le cap d'un continent, L'Amérique, un autre monde".
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