Les voitures électriques sont-elles plus polluantes ?
ÉDITO - Cette année, le Mondial de l'automobile est dominé par la voiture électrique. Mais cette innovation pourrait se révéler au moins aussi polluante que les voitures à énergies fossiles...

À l'occasion du Mondial de l'automobile à Paris, qui ouvre au grand public jeudi 4 octobre, plusieurs dizaines de modèles électriques sont annoncés par les grands constructeurs du monde entier pour les années qui viennent. Ces véhicules sont destinés à remplacer le diesel, déclinant dans tous les marchés développés pour les voitures particulières.
Selon le cabinet Alix Partners, les seuls constructeurs
occidentaux ont annoncé 160 milliards d'euros d’investissement pour électrifier
leurs gammes d’ici à 2023. Tout va donc très bien dans le meilleur des mondes. Et pourtant...
Pourtant, plusieurs choses désagréables sont omises sur les voitures
électriques. D'abord, la voiture électrique n'est propre que si
l'électricité est générée à partir d'énergie décarbonée. C'est largement le cas
en France, où le nucléaire compte pour 70% de la production, mais pas en
Allemagne, où charbon lignite (une forme de charbon) et gaz comptaient encore pour 50% en 2017. Et ce n'est pas
du tout le cas en Chine, où l'on atteint des absurdités, puisque 71% de l'électricité
provient de l'énergie fossile. En gros, au lieu de mettre du pétrole dans une voiture,
on fait de l'électricité avec du pétrole pour alimenter une voiture électrique.
La solution : que l'électricité soit propre ?
Oui, mais pas totalement. Car la construction d'un véhicule électrique demande bien plus d'énergie qu'un moteur thermique. Et son recyclage, en particulier celui de la batterie, génère une pollution très problématique, tout comme la fabrication elle-même de la batterie, avec des métaux rares dont l'extraction est très polluante.
Si l'on prend donc le bilan environnemental total d'un véhicule électrique, du berceau au recyclage, il n'est pas si brillant comparé à une bonne vieille diesel. En réalité, selon la formule de Guillaume Pitron, auteur d'un livre sur la face cachée de la transition énergétique, la voiture électrique ne supprime pas la pollution, elle la déplace, en l'éliminant des centres-villes (avec une émission zéro), mais en la faisant apparaître dans les décharges à batteries ou les mines de métaux rares.
Quelles conséquences pour le consommateur ?
Là encore, on ne dit pas tout. Une voiture électrique, c'est un peu comme un téléphone : lorsque la batterie est usée, elle ne vaut plus grand-chose. Ce qui veut dire que les cotes sur le marché de l'occasion vont s'effondrer, notamment face au diesel, qui se revendait très bien grâce à la longévité de son moteur. Le coût moyen du kilomètre pourrait donc augmenter sensiblement.
On peut se dire qu'au moins, on ne paiera
pas son plein trop cher. Mais il faut garder à l'esprit que les taxes sur l’essence
représentent plusieurs dizaines de milliards d'euros par an. C'est l'une des
principales ressources fiscales de l'État... Comment l'État pourrait t-il laisser
échapper un tel pactole ? C'est impensable. À mesure que l'électrique se
développera, il est probable que le niveau des taxes sur l'électricité
progresse. D'autant que ces nouvelles taxes pourront être dissimulées sous le
manteau flatteur de la fiscalité verte.