1. Accueil
  2. Actu
  3. Eco Conso
  4. Le Venezuela est au bord du gouffre
2 min de lecture

Le Venezuela est au bord du gouffre

REPLAY / ÉDITO - Le président Nicolas Maduro a proclamé "l'état d’exception", alors que l'économie du pays s’effondre littéralement.

Une manifestation à Caracas, le 11 mai 2016
Une manifestation à Caracas, le 11 mai 2016
Crédit : SIPA / Miguel Gutiérrez
Le Venezuela est au bord du gouffre
00:03:22
Le Venezuela est au bord du gouffre
00:03:29
François Lenglet & Loïc Farge
Je m'abonne à la newsletter « Économie »

Le Venezuela est au bord de la guerre civile, qui oppose les partisans de l’actuel président, Nicolas Maduro, révolutionnaire d’opérette et héritier du populiste Hugo Chavez, et l’opposition de droite, qui a gagné les dernières élections législatives. Si les belligérants sont ainsi déchaînés, c’est que la crise économique s’approfondit (pénuries alimentaires, queues interminables à l’entrée des magasins, paralysie des transports, grèves incessantes, inflation à trois chiffres, récession de 10% l’année dernière...) alors que, c’est un comble, le pays possède un sous-sol extrêmement riche, avec les premières réserves de pétrole au monde, devant l’Arabie Saoudite.

Comment peut-on être à la fois aussi riche et en faillite ? Le déclencheur de la crise, c’est la violente baisse des cours du pétrole, qui a fait baisser les revenus du pays. 96% des exportations proviennent du pétrole. Mais le fond du problème, c’est l’incompétence du régime et la montée de la corruption. Tout a été misé sur le pétrole et, au lieu de travailler à diversifier l’économie, les dirigeants ont dépensé tous les dividendes de l’or noir pour financer leur clientèle électorale et pour tenter de réduire la pauvreté. Celle-ci a baissé un temps, mais elle remonte aujourd'hui de façon dramatique.

Le pays importe de l'essence

Pour vous donner une idée, le Venezuela a créé un fonds souverain, comme les autres pays pétroliers. Mais alors que les pays arabes disposent de centaine de milliards, justement pour développer d’autres sources de sources, le Venezuela n’a plus qu’un seul milliard dans son fonds sans fond. La faillite financière menace.

L’appareil de production pétrolier est géré de façon catastrophique. Là encore, un seul fait en dit long : le pays, qui dispose des premières ressources pétrolières au monde, est désormais obligé d’importer de l’essence. Les compagnies pétrolières ont été nationalisées par Hugo Chavez, lorsqu'il est arrivé au pouvoir, ce qui est assez logique quand la richesse est aussi concentrée dans un seul secteur.

À lire aussi

Mais là encore, c’est le clientélisme qui a prévalu. Le nombre d’employés a été multiplié par quatre depuis l’élection de Chavez, en  1999, alors que la production de pétrole a baissé sur la même période. L’économie est elle-même gérée de façon aberrante, avec quatre taux de change pour le bolivar, la monnaie, et un marché noir florissant.

Victime de la "maladie hollandaise"

Comment le pays a-t-il fait pour échouer à développer d’autres secteurs ? C’est un phénomène classique dans les pays qui possèdent une richesse naturelle importante. C’est ce qu’on appelle la "maladie hollandaise", car elle a été diagnostiquée dans les années 1950 aux Pays-Bas, qui exploitaient de larges réserves de gaz naturel. Quand on a cette maladie, toutes les ressources sont aspirées par l’exploitation de la ressource naturelle, parce que c’est évidemment le secteur où la rentabilité est la plus élevée.

Cela finit par compromettre l’avenir du pays, qui devient mono-industrie et s’expose soit à la chute des prix, soit à l’extinction des réserves du sous-sol. Jean Boissonnat, un grand journaliste économique, disait t