Même les fourmis ont leurs coups de folie, et se changent parfois en cigales. Plusieurs accords salariaux viennent d'être signés en Allemagne, qui garantissent des augmentations de salaires de près de 5% pour l'année et demie qui vient. Dans la métallurgie, c'est 4,8% sur vingt-et-un mois. Dans la Fonction publique, c'est un montant voisin. Dans l'hôtellerie, c'est 3% pour cette année. Ces accords s'étendent généralement bien au-delà de leur champ, parce qu'ils sont pris comme référence.
Ce sont les effets du plein emploi que connaît l'Allemagne. Dans certaines régions, comme le Bade-Wurtemberg, le taux de chômage est descendu à 3,1%. Du coup, le pouvoir de négociation des syndicats est bien meilleur. Il y a d'ailleurs eu beaucoup de grèves au début 2016, dans l'aérien, chez les fonctionnaires et dans l'industrie.
C'est une vraie rupture de tendance. Elle s'était amorcée à partir de 2014, et surtout 2015, lorsque l'Allemagne a mis en oeuvre son salaire minimum. C'est à ce moment là que l'inversion s'est produite. Durant les dix années qui précédaient, c'était la modération salariale la plus stricte en Allemagne qui prévalait, pour compenser les effets dévastateurs de la réunification du pays sur les coûts du travail. Il faut se souvenir en effet qu'à l'époque, l'homme malade de l'Europe c'était l'Allemagne. Les augmentations de salaires d'aujourd'hui sont le signe que la longue cure de compétitivité allemande se termine. Et il est temps.
Car ils ont poussé le bouchon très, très loin. La meilleure preuve, c'est qu'ils accumulent des excédents commerciaux considérables (200 milliards d'euros annuels) alors que la France est en déficit de 50 milliards par an. C'est bien le signe que l'Allemagne profite d'une surcompétitivité, que l'euro a entretenue et même développée.
Si ces augmentations ont de quoi nous réjouir, ce n'est pas seulement par bonté d'âme pour nos voisins. Cela peut avoir deux effets. D'abord celui de stimuler l'économie de la zone euro. Si les Allemands consomment, il y a toutes chances qu'ils achètent un peu plus de produits européens. Cela va faire tourner un peu plus vite l'économie des autres pays. Ensuite, ces augmentations de salaire devraient réduire un peu l'écart de compétitivité entre l'Allemagne et ses voisins, en particulier avec la France. Parce que si les salaires augmentent plus vite là-bas, les coûts de production allemands progressent plus vite que les autres, et ce sont les autres qui gagnent en compétitivité.
À l'arrivée, ça fait plus de croissance pour nous. La principale cause de la crise européenne, c'est l'écart de compétitivité entre les économies de la zone euro, creusé dans les années 2000, dans l'euphorie du lancement de la monnaie unique. Un écart impossible à corriger avec la dévaluation des monnaies nationales, puisqu'elles n'existent plus. Dans le temps, nous aurions dévalué le franc. C'est d'ailleurs ce qu'on a fait de façon continue de la guerre jusque dans les années 1980.
Alors que dans une union monétaire, le seul moyen d'ajuster, c'est une lente et pénible correction des salaires. C'est exactement ce qui se passe. La France baisse ses coûts avec le pacte de responsabilité qui réduit les charges sociales, et l'Allemagne augmente ses salaires. Tant mieux.
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