Tout est parti de la décision de Donald Trump, en mai dernier, de rétablir des sanctions contre Téhéran. Trump considère que l'Iran ne respecte pas son engagement de sortir du nucléaire, il a donc banni le commerce avec la république islamique. Du coup, la plupart des grandes entreprises du monde entier ont arrêté de commercer avec l'Iran, malgré les intérêts commerciaux que le pays représente pour elles. En France, ce sont par exemple Peugeot-Citroën ou encore Total, qui a dû se retirer d'un gigantesque projet gazier à South Pars, en cédant, c'est un comble, ses intérêts à un Chinois.
Mais alors comment les États-Unis peuvent-ils imposer leur loi à des entreprises françaises ? C'est d'autant plus paradoxal que le gouvernement français ne veut ni sortir de l'accord avec Téhéran, ni appliquer de sanctions. Cela veut dire que ce que décide Washington est plus important pour nos entreprises, que ce que décide Paris...
Ça s'explique par plusieurs raisons. Dès lors que les États-Unis frappent de sanction un pays, toute entreprise qui utilise le dollar, la devise américaine (qui est aussi la monnaie mondiale, en particulier pour l'énergie), est justiciable devant la justice américaine. On a vu par exemple BNP Paribas frappée d'une amende de 9 milliards de dollars (soit 8 milliards d'euros), pour avoir outrepassé un embargo décidé par Washington.
Si elles ne le font pas, elles perdent la possibilité d'exercer aux États-Unis. Pour une banque, c'est tout simplement impossible, ça veut dire se couper de la première place financière mondiale. Tout comme pour un pétrolier de premier plan comme Total. De plus, il y a maintenant une impossibilité technique de commercer avec l'Iran.
Toutes les transactions financières internationales sont acheminées par une société de droit belge, qui s'appelle Swift. C'est une sorte de notaire international qui réalise et certifie quelque 25 millions de transactions électroniques par jour entre 11 000 banques, sur plus de 200 pays, pour des milliers de milliards de dollars. C'est l'artère de la mondialisation. Swift, bien que basée en Europe, près de Bruxelles, vient de déconnecter les banques iraniennes, parce qu'elle a peur subir la rétorsion américaine. On ne peut donc plus commercer avec l'Iran.
C'est l'idée de Bruno Lemaire, notre ministre de l'Économie, qui a proposé de monter un canal concurrent (en euros et pas en dollars) pour prendre le relais de Swift. Mais l'initiative patine, notamment parce qu'aucun pays ne veut héberger cette nouvelle entreprise, là encore par crainte de représailles américaines.
Mais quand bien même il parviendrait à ses fins, cela ne suffirait pas encore à lever les préventions de nos grandes entreprises, parce que, même pour les entreprises comme Peugeot-Citroën, qui n'ont pas besoin du marché américain parce qu'elles ne vendent quasiment pas aux États-Unis, il y a un risque considérable. Si elles contrevenaient aux règles américaines, elles feraient fuir leurs actionnaires américains qui seraient exposés à de lourdes pénalités s'ils investissaient au capital d'une entreprise renégate !
Or, les grands fonds de pension anglo-saxons sont très présents au capital de nos entreprises. S'ils s'en allaient, le cours des entreprises françaises chuterait, elles trouveraient donc moins facilement à se financer et elles pourraient être la cible de rachats non amicaux. Pour résumer, les États-Unis nous imposent leur loi parce que leur économie et leur finance sont prévalentes.
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