INVITÉ RTL - Inflation : comment expliquer la hausse du prix des carburants ?

Le prix du gazole connaît actuellement une hausse de 14 centimes, qui porte son prix à 1.80 euro le litre en moyenne. C'est une augmentation de 11 centimes pour le Sans-Plomb 95 qui atteint 1.90 euro de moyenne, sans oublier qu'à certaines stations, les panneaux affichent un montant supérieur à 2 euros.

Philippe Chalmin, historien et économiste, explique au micro de RTL que cette hausse est due à l'augmentation conséquente du prix du pétrole. De fait, entre fin juin et début août, un rebond d'une dizaine de dollars est survenu, le prix étant passé de moins de 75 à 85 dollars le baril.

La cause ? L'Arabie Saoudite et la Russie misent sur une réduction de la production, dans l'objectif de remonter les prix. La logique est la suivante : plus la quantité se fait rare, plus les prix augmentent. Fin juin, le royaume de Mohammed Ben Salmane décidait de réduire unilatéralement un million de barils / jour, soit 1% de la production mondiale, une quantité importante pour l'équilibre des marchés. Néanmoins, cette décision n'ayant pas été très efficace, l'Arabie Saoudite a donc décidé d'une prolongation de l'action en août. C'est ce qui explique le "rebond" des prix, qui restent autour de 85 dollars, loin cependant des 130 dollars le baril atteints l'année dernière après l'invasion de l'Ukraine par la Russie.

Cette hausse ne serait donc pas explicable par la spéculation en pleine saison estivale, selon le spécialiste. Il affirme que c'est davantage "la reconstitution de marges au niveau du raffinage comme de la distribution" qui permet de comprendre la flambée des prix, après des marges affaiblies l'année dernière.

Ce marché est extrêmement concurrentiel, le carburant étant transformé en produit d'appel par la grande distribution, qui se fait 1 ou 2 centimes de marge environ par rapport au prix coûtant. En revanche, pour le prix des stations sur les autoroutes, c'est une autre affaire : une bonne vingtaine de centimes de différence, ce qui peut en partie s'expliquer par les contraintes supplémentaires comme le fait d'être ouvert 24 heures sur 24. Philippe Chalmin met aussi en avant le chiffre suivant : lorsque le carburant coûte 2 euros le litre, il y a un peu plus d'un euro d'impôt à payer. 

Une accalmie à venir

"Je ne pense pas que les hausses vont continuer, car les marchés ont intégré que l'offre va se limiter, et la demande n'est pas très vigoureuse", rappelle Philippe Chalmin. La Chine, premier importateur mondial de pétrole, connaît une baisse de 18% de ses importations au mois de juillet par rapport à juin. Autre facteur d'explication : l'or noir russe est vendu à des prix "discount", et seules l'Inde ou la Chine peuvent l'acheter du fait des sanctions occidentales, ce qui tire les prix à la baisse.

Enfin, les prévisions faites sur la croissance de la demande sont aujourd'hui corrigées à la baisse : "Aujourd'hui, nous sommes plutôt dans la zone d'un plafond que d'un plancher", rassure le président de l’observatoire de la formation des prix et des marges des produits alimentaires. Il prévient tout de même que le cours du pétrole est "fluctuant, sensible au moindre accident géopolitique".