Inflation : les prix vont-ils enfin baisser en 2024 ?

La réponse est assez simple : selon toute vraisemblance, les prix vont continuer à grimper, mais à un rythme plus acceptable, pourrait-on dire. L'inflation devrait être autour de 2,5% sur l'ensemble de l'année 2024. Dire que le pouvoir d'achat continuera d'être grignoté est plus complexe. 

D'abord, il faut savoir qu'une inflation de 2,5% intègre le prix des services, l'alimentation, les carburants... Il n'y a pas que ce que l'on met dans son chariot de courses. Ensuite, l'inflation de 2024 ressemblera à une averse après une inondation. Le niveau des prix restera très élevé après deux années de hausses et cela va continuer plus doucement.

Ce n'est pas une décrue. Ce n'est pas la déflation, ce moment où l'on voit l'ensemble des prix baisser. On sait déjà que les prix ne reviendront pas aux niveaux qui étaient le leur avant. Au final, vous allez donc continuer à payer les produits ou les services plus chers qu'en 2019. 

La fin de deux ans de tension sur notre pouvoir d'achat

L'une des raisons de cette situation tient à la hausse des coûts de productions et aux hausses de salaires. On l'a un peu oublié, mais si la question de la perte de pouvoir d'achat est subtile, c'est notamment parce que les salaires ont augmenté avant le début d'année et ils vont continuer. Plus vite que l'inflation. 

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Depuis 2021, les salaires courraient derrière l'augmentation générale des prix. Quand l'inflation était de 7%, les salaires progressaient de 3,5%. Cela va changer en 2024. Les négociations en entreprises parlent de 4 à 5% de hausse de salaire en moyenne. Mécaniquement, on va retrouver un peu de souplesse sur nos budgets. Cela ne sera pas révolutionnaire au quotidien, mais cela met un terme à deux ans de grosses tensions sur notre pouvoir d'achat. 

Si l'inflation ralentit, c'est surtout en raison des taux directeurs des banques centrales. C'est une technique économique qui est prouvée depuis les années 1970, celle de Milton Friedman : vous remontez les taux, l'argent est plus cher, cela ralentit le crédit immobilier, les investissements des entreprises et donc la croissance. Quand elle est moins forte, les prix baissent. 

C'est ce que l'on a vu sur les derniers mois de 2023 avec des prix au mètre carré qui commencent à chuter. La croissance française qui devait être de 0,9% en 2023 devrait finalement tomber à 0,8%.

La France face au "syndrome du matelas en mousse"

En 2024, la France devrait vivre une croissance molle. Elle devrait être comprise entre 0,8 et 1,4%, selon les instituts et le gouvernement. Avant la pandémie, depuis l'an 2000, on tournait déjà autour d'une croissance à 1,5% chaque année. La bonne nouvelle - et ce n'est pas anecdotique - c'est que la France va éviter une récession, ce qui n'est pas le cas de nos voisins allemands. 

Notre économie est-elle pour autant plus résistante ? C'est un autre très grand classique à la française : le syndrome du matelas en mousse. Grâce aux amortisseurs sociaux, l'économie française tombe moins que les autres et tombe de moins haut. Mais, de la même façon, elle rebondit moins vite et moins haut que les autres. Le matelas, lui, est souvent rempli de vieux billets et de dettes. 

Quand la croissance est moins forte, elle crée moins d'emplois et on risque d'avoir une remontée du chômage en 2024. Un tiers des petites et moyennes entreprises, selon la CPME, s'attendent à avoir des carnets de commandes moins remplis. On risque donc de creuser encore notre dette pour financer le train de vie de la France.