La situation du groupe Eurostar est catastrophique. Un aller-retour par jour seulement entre Londres et Paris... Et un seul Londres-Bruxelles-Amsterdam au lieu d'une cinquantaine de trajets par jour.
Dans des trains vides à 80%. C'est bien simple, la compagnie brûle du cash et réalise 5% de son chiffre d'affaires normal depuis le mois d'avril. Elle a perdu 82% de son chiffre en un an et les perspectives du variant anglais ne laissent rien entrevoir de bon. On est sous l'eau... au milieu de la Manche et la compagnie tire la sonnette d'alarme.
Eurostar est un drôle d'animal. Basé à Londres, mais filiale à 55% de la SNCF, à 40% d'un fonds britannique associé à la Caisse des Dépôts du Québec et à 5% de la compagnie ferroviaire belge, Eurostar est de partout et de nulle part. Christophe Fanichet, le patron de SNCF Voyageurs résumait bien la situation, la semaine dernière en expliquant que la compagnie était trop française pour être aidée par les Anglais et trop anglaise pour être aidée par les Français.
C'est vrai que c'est un formidable projet transeuropéen qui vient d'être perturbé de plein fouet par la Covid-19 et par le Brexit... ça fait beaucoup pour une seule compagnie.
Et jusqu'ici, Eurostar n'a pas bénéficié de l'aide des États britanniques ou français alors que les compagnies aériennes par exemple ou les aéroports ont déjà été massivement aidées. Mais l'État français va venir au secours d'Eurostar, c'est ce que Bruno Le Maire a déclaré hier soir sur RTL.
Oui l'État français viendra en aide à Eurostar mais on va attendre de voir de quelle façon. Car on comprend aussi que, pour l'État français, on va déjà soutenir la SNCF à hauteur de 4 milliards pour éponger les pertes de 2020 et qu'on peut supposer qu'on y intègre la dépréciation d'Eurostar. En gros, l'Etat aidera la SNCF qui aidera, elle, Eurostar. Jusqu'ici Bercy faisait la sourde oreille, de même que le gouvernement britannique qui a volé au secours du monde aérien, il y a un mois, mais qui a oublié le train. Le puissant "Financial Times" estime même que les contribuables britanniques n'ont pas à soutenir un groupe qui vit son "Waterloo industriel" et possédé indirectement par l'État français. On va donc prendre au mot Bruno Le Maire et voir comment il aide la compagnie.
C'est même assez injuste pour Eurostar et contre le cours du temps... Avec les restrictions de circulation et les quatorzaines sanitaires, c'est devenu difficile d'aller à Londres mais en aidant l'aérien et pas le train, on favorise les avions et on pénalise le transport qui n'émet pas de CO2. Première aberration.
Et puis, bien entendu, on sait que la moitié des passagers et l'essentiel des profits est porté par la clientèle "affaires" chez Eurostar... beaucoup plus que pour les avions. Le trafic business risque d'être impacté durablement, notamment sur le trafic en direction de la Grande Bretagne qui s'éloigne de l'Europe avec le Brexit... Les entreprises vont devoir faire des économies dans les prochains mois et la visioconférence risque de prendre le pas sur le déplacement en train.
On a beaucoup parlé des difficultés du championnat français avec les droits TV et le hors jeu de MédiaPro (et ce n'est pas fini) mais la Covid-19 a aussi eu une incidence à l'échelle mondiale sur le marché des transferts. On enregistre une baisse des changements de clubs de 5,4% l'an dernier en raison des différentes compétitions suspendues pendant des mois. On n'avait pas vu ça depuis 10 ans. Cela me fait penser au film Didier avec Jean-Pierre Bacri.
On vit aussi une époque de mutation et où de nouvelles idées germent... Le kiosque à journaux de la Place Aristide Briand à Meudon était fermé depuis 2018, symbole du déclin de la presse papier. Et bien depuis samedi, JCDecaux a rouvert et reconverti ce kiosque qui propose des fruits et légumes : 76 casiers connectés et réfrigérés. C'est une expérience qui pourrait être élargie à toute la France dans quelques mois.