ÉDITO - Vatican : "Amateurisme, incompétence, malversations, tout se conjugue pour que les rendements soient mauvais", résume François Lenglet

La situation est catastrophique pour les finances de l’État le plus petit du monde avec ses 44 hectares au cœur de Rome. Le déficit du Vatican est estimé entre 70 et 90 millions d’euros par an, pour un budget autour d’un milliard, qui sert notamment à payer les quelque 5.000 employés de la machine administrative. Le Vatican est l’un des rares États à ne pas publier de comptes détaillés.

Juste avant la mort du pape, le budget 2025 n’avait pas obtenu la certification désormais obligatoire, et les responsables avaient dû revoir leur copie.

Tout aussi grave, le système de retraite serait en faillite virtuelle, c’est un fonds de pension qui avait été créé par Jean-Paul II, aujourd’hui sous-capitalisé pour plusieurs centaines de millions. En novembre dernier, le pape avait d’ailleurs renvoyé le conseil d’administration du fonds.

D’où viennent ces problèmes financiers ?

Les dons des fidèles du monde entier se tarissent. À cause des scandales financiers à répétition qui ont frappé les finances du Vatican mais aussi à cause de la révélation des abus sexuels de la part d’ecclésiastiques.

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Également, ces problèmes concernent aussi le patrimoine de l’État pontifical, essentiellement de l’immobilier s'élevant à 4 milliards, qui est mal géré. Amateurisme, incompétence, même malversations, tout se conjugue pour que les rendements soient mauvais.

Le pape François avait-il l’intention de remédier à cette situation ?

C’était l’un des chantiers du pape François. Mais on partait de loin. Il faut se souvenir qu’il y a 40 ans, on avait retrouvé le banquier du Vatican pendu sous un pont à Londres.  A l’époque, les finances pontificales étaient liées à la Mafia et à la loge P2.

On n’en est plus là, mais en 2023, tout récemment, il y a encore eu un procès retentissant d’un cardinal responsable financier, condamné pour fraude et détournement de fonds. Il avait fait acheter par le Vatican un immeuble à Londres, les finances papales y ont perdu 100 millions d’euros.

Pourquoi le pape François n’est-il pas parvenu à normaliser la gestion ?

Le pape François est parvenu à normaliser, pour la banque du Vatican, l’IOR, Institut pour les œuvres de religion. Près de 4.800 comptes suspects ont été fermés et la gouvernance de la banque a été profondément remaniée.  C’était le lieu de dérives étonnantes, on a par exemple découvert que cette banque possédait une mine en Mongolie et une entreprise de distribution en Chine !

Mais pour le reste, il n’a pas réussi. Peut-être à cause d'erreurs dans le choix des responsables, mauvais management de sa part. La Curie, c’est- à-dire les cardinaux, s’est coalisée contre le cardinal Pell, un Australien, qui avait pour mission de réformer la gestion du patrimoine.

En 2022, le pape a demandé que les affaires financières de l’État soient regroupée sous la tutelle de l’IOR, mais on ne semble pas lui avoir obéi.  Autant dire que le prochain pontife aura ce chantier prioritaire à traiter, pour que le micro État retrouve sa sérénité financière.