Le Medef tient ses universités d'été annuelles. L'an dernier, le mouvement patronal dans la voix de son Président, Geoffroy Roux de Bézieux promettait des hausses de salaires significatives en 2022. Un an plus tard, qu'en est-il ?
Les salaires ont augmenté de 3% en moyenne. C'est beaucoup plus qu'au cours des dernières années. Mais c'est très nettement insuffisant quand on regarde l'évolution des prix. Les salaires progressent deux fois moins vite que l'inflation qui est à 6%. Il faut que les chefs d'entreprises augmentent les salaires. Ce n'est pas à l'État de compenser la perte de pouvoir d'achat des Français.
Reprenons les propos du Président du Medef : "On augmentera les salaires parce qu'ils n'ont pas bougé pendant le Covid (ça, on peut le comprendre), parce qu'il y a de l'inflation (c'était il y a un an, on a fini avec une inflation à 1,6% en 2021, alors que cette année on sera sûrement au-dessus de 7%) et parce qu'on n'arrive pas à recruter. Il manque aujourd'hui 3.000 profs, 7.000 chauffeurs de cars scolaires, 200 à 300.000 serveurs, quand on propose 5 emplois dans le milieu agricole, on n'en pourvoit qu'un seul.
Ce que je veux dire, c'est que tous les facteurs justifiant une hausse de salaire dans les propos du patron des patrons sont pires aujourd'hui qu'hier.
Une hausse des salaires de 3%, c'est un niveau beaucoup plus élevé que d'habitude. Sur les 20 dernières années, les hausses de salaires étaient de 0,6% en moyenne. En 2019, on avait déjà connu un coup de pouce de 1,2%. Donc, 3%, c'est 5 fois plus que la moyenne des deux dernières décennies. Champagne !
Seulement, connaitre une hausse de 1,2% quand l'inflation est à 1,1% comme en 2019, c'est un gain de pouvoir d'achat. En tout cas, on suit l'évolution des prix et on ne s'appauvrit pas. Ce n'est pas non plus "l'abondance" ! Avoir 3% de hausses de salaires quand l'inflation est à 6% et que ça touche les biens essentiels que sont la nourriture, l'essence, le chauffage, c'est comme un airbag qui vous saute au visage. Ça vous protège, mais ça arrive après l'accident.
Attendez, je ne vous dis pas qu'il faut passer le SMIC à 1.800 euros et augmenter tout le monde de 300 euros par mois. Mais la réalité, c'est que ce n'est pas à l'Etat de payer la facture de gaz et d'électricité, le plein d'essence et une partie des courses. C'est au salaire. Et ce n'est pas une indexation des salaires sur l'inflation qui fait monter les prix, c'est le risque de pénurie de gaz, la guerre en Ukraine, la faiblesse de l'euro, les restrictions sur des céréales comme le blé ou le tournesol. Bref, les prix augmentent indépendamment des salaires.
Les prix augmentent aussi pour les entreprises. Vous ne rencontrez pas un seul patron qui est favorable à l'assistanat. C'est le mot tabou, le Voldemort du Medef. Vade Retro Assistanat ! Eh bien, dans une France Macronnienne d'essence soi-disant libérale, les chefs d'entreprises vivent des coups de pouces de l'État depuis 2020 : prise en charge du chômage partiel, aides à la trésorerie, prêts garantis, baisse des impôts de production, primes défiscalisées. Il est temps que les entreprises soulagent l'État et prennent en charge le pouvoir d'achat de leurs salariés. Surtout que l'inflation risque de s'installer dans le temps, au moins sur les prix de l'énergie.
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