ÉDITO - Tesla : comment expliquer la baisse des prix ?

16% de baisse de prix pour une voiture neuve d’un jour à l’autre, on n’a jamais vu cela ! C’est Tesla qui a annoncé en fin de semaine dernière casser ainsi le prix de ses voitures, dans le monde entier. En France, la baisse permet d’ailleurs à l’un des modèles de profiter du bonus écologique, son prix dégringole donc, au total, de 26%. Il y a huit mois, le constructeur avait fait le chemin inverse, le modèle 3 prenant pas loin de 25% à la hausse avec l’effet bonus supprimé. C’est étonnant, mais le prix d’une Tesla varie presque autant que le cours d’une action. 
 
En fait, les constructeurs pratiquent depuis toujours des rabais importants pour les modèles un peu anciens, ou mal aimés. Mais en principe, ils ne le disent pas publiquement, donnant ainsi à l’acheteur qui négocie le sentiment qu’il a fait une bonne affaire. Tesla au contraire affiche les vrais prix, et ne fait quasiment pas de rabais individuels.

Une transparence qui a ses inconvénients, la correction de prix des derniers jours a rendu furibards les acheteurs de Tesla en Chine, le premier marché du constructeur, qui ont manifesté devant les concessions. D’abord parce qu’ils avaient payé plus cher leur voiture juste avant. Et ensuite parce que la revente à l’occasion sera bien sûr moins intéressante pour eux. 

Tesla a moins la cote

Chez Tesla, il n'y a pas nouveaux modèles depuis trois ans, on attend toujours le futur Cybertruck, une sorte de char d’assaut futuriste, dont la sortie est sans cesse différée. Ajoutez à cela un patron génial mais antipathique et brutal lors de son rachat de Twitter, et l’action Tesla, la star de la bourse newyorkaise, qui dégringole. De plus, la demande ralentit, à cause de la hausse du coût du crédit partout dans le monde, pour la LOA et la concurrence s’intensifie. 

Une concurrence avec les grands constructeurs occidentaux, qui sortent tous leurs modèles électriques en rafale, avec les Chinois, ultra-performants. BYD vient ainsi de sortir la Zeekr, au super design, 1.000 kilomètres d’autonomie affichés, très bien équipée. En fait, Tesla est en train de devenir un constructeur comme les autres. Et ce n’est peut-être pas une mauvaise nouvelle pour l’acheteur de voitures, quelle que soit la marque. Si Tesla perd sa spécificité, c’est que la concurrence s’intensifie, et que le prix des voitures électriques va enfin diminuer. 

Il y a désormais une ruée mondiale des constructeurs vers l’électrique, y compris de la part des grands Américains comme Ford et General Motors, qui étaient très en retard, qui rejoignent les Européens et les Asiatiques, Chinois et Coréens en particulier. En résumé, la baisse des prix de Tesla inaugure peut-être une nouvelle époque pour le véhicule dit propre, où il va devenir plus accessible, comme l’était la voiture à essence naguère, parce qu’il est en train de devenir comme elle un produit de masse. Et dans cette course, Tesla n’est pas le plus mal placé pour résister, car ses marges restent bien supérieures à celles d’un constructeur classique.