La succession se prépare à la tête d’un empire économique français. Une entreprise de premier plan, la première entreprise d’Europe. Et la famille qui en détient le contrôle est la première fortune mondiale : LVMH, le champion français du luxe, fondée et dirigée par Bernard Arnault. Un empire aux 75 marques, avec Louis Vuitton, Dior dans la mode, Moët Hennessy et Ruinart dans les champagnes, les bijoux Tiffany ou encore les montres TAG Heuer.
Sauf que deux des enfants du patron viennent d’être promus à des postes-clé de l’entreprise. Il a été décidé ce mercredi 11 janvier que Delphine, la fille ainée, va diriger Dior. Le mois dernier, Antoine, l’un des fils, a été promu patron du holding familial qui contrôle LVHM. Les trois autres enfants de Bernard Arnault travaillent aussi dans l’entreprise.
Arnault est aujourd’hui le patron total et incontesté, il décide de tout, supervise tout. Et ni les salariés, ni les actionnaires de LVMH ne peuvent s’en plaindre, après la trajectoire éblouissante de cette entreprise, partie de rien il y a 35 ans lorsque Arnault l’a rachetée. À la bourse, LVMH vaut près de 400 milliards d’euros. Néanmoins, le patron à 73 ans et en théorie, il peut aller jusqu’à 80 ans. La succession se prépare donc progressivement, avec la mise à l’épreuve des héritiers, qui accèdent à des positions exposées.
Tous les patrons des entreprises familiales, c’est-à-dire dirigées et/ou contrôlées par une famille, assurent que le sang ne doit pas prévaloir sur la compétence. Ce qui ne les empêche pas de mettre en place presque toujours un ou une héritière. Il faut reconnaître que les successions sont généralement plus réussies dans les boîtes familiales que dans les autres entreprises. Probablement parce que l’histoire, la culture familiale, la transmission d’un capital social et des valeurs permet de former l’héritier.
Chez les Mulliez, propriétaires d’Auchan, Décathlon ou Leroy Merlin, on organisait naguère une sorte d’académie estivale, avec tous les jeunes de la famille élargie pour repérer les futurs talents. Il arrive pourtant qu’on n’en trouve pas, comme chez Norbert Dentressangle le transporteur, vendu en 2015 à un Américain pour plusieurs milliards, faute de motivation des enfants pour reprendre.
C’est net, et bien documenté, elles sur-performent par rapport aux entreprises cotées classiques. La Banque Crédit Suisse a ainsi constaté que la rentabilité de ces entreprises était, en moyenne, supérieure de 3,7% par an à celle des autres. Ce qui change, c'est l'attention portée au long terme, plus qu’au court terme comme ailleurs, à cause du désir de transmettre aux futures générations. Selon UBS, 70% du PIB mondial serait réalisé par les entreprises familiales. Parce qu’elles sont efficaces, mais aussi parce qu’elles sont très nombreuses. De tout temps, capitalisme et famille ont été liés.