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ÉDITO - Pourquoi la Scor change une nouvelle fois de directeur ?

La Scor le grand réassureur français, se sépare de son directeur général Laurent Rousseau. Thierry Léger, venu de chez Swiss Re, le remplacera.

La SCOR réassureur français
La SCOR réassureur français
Crédit : JEAN AYISSI / AFP
LENGLET-CO - Pourquoi la Scor change une nouvelle fois de directeur ?
00:03:36
Lenglet-Co and You du 30 janvier 2023
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François Lenglet - édité par Sarra Djeghnoune
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C’est la crise de succession à la tête d’une grande entreprise française. C’est en effet la Scor, le grand réassureur français, dont le directeur général est parti de façon abrupte en fin de semaine dernière, alors qu’il avait été nommé il y a peu. Un réassureur, c’est l’assureur des compagnies d’assurance, c’est auprès de lui qu’elles garantissent leurs grands risques, en payant des primes, exactement comme nous. C’est le second échec du Président de Scor à désigner et conserver un successeur. Le précédent, Benoit Ribadeau-Dumas, avait, lui aussi, quitté l’entreprise après que la direction lui avait été promise, faute d’avoir pu s’entendre avec le Président. Un troisième successeur potentiel arrive donc le mois prochain, en moins de 3 ans. Ça commence à sentir la mission impossible.


Réussir sa succession est l’une tâches les plus difficiles pour un patron. Parce qu’il faut non plus exercer le pouvoir, mais le céder à un autre. Alors qu’on connaît très bien l’entreprise. Qu’on pense faire mieux que les autres, et que souvent, on fait mieux que les autres. Et aussi, c’est moins glorieux, qu’on est habitué au pouvoir et aux marques de déférence qui l’accompagnent. Vous connaissez la phrase qu’on prête aux dirigeants : "mon prédécesseur était un incapable, mon successeur est un intrigant". Denis Kessler, 70 ans, le patron actuel de Scor, est une figure du capitalisme français, ex-N°2 du Medef, qui a littéralement sauvé Scor de la faillite, il y a vingt ans. C’est une personnalité qui ne compose pas. Et la période actuelle n’est pas facile, les catastrophes naturelles se succèdent et avec elles les méga indemnités versées par les réassureurs. Scor a perdu de l’argent, 500 millions sur les 9 premiers mois de 2022. Mais cette fois-ci, après deux tentatives, il n’a plus le droit à l’erreur.

Qui choisit le successeur d’un patron ?

Formellement, c’est le conseil d’administration, c’est-à-dire les représentants des actionnaires, qui sont les propriétaires de l’entreprise. C’est une douzaine de personnes, souvent des dirigeants eux-mêmes. Tout dépend du rapport de forces entre le patron et le conseil. Mais ce sont parfois les crises qui décident. Après la mort accidentelle de Christophe de Margerie, patron de Total, en 2014, c’est son prédécesseur qui a repris la main quelques temps, le temps que le successeur Patrick Pouyanné, qui était déjà l’un des cadres dirigeants de la maison, s’installe. Même dans les transitions prévues et balisées, il y a toujours un moment délicat. Le patron d’une belle PME familiale me racontait récemment que lorsque son propre père, fondateur de l’entreprise, lui a transmis les rênes, au moment de conclure, le père a dit "je signe ma propre mort de mon vivant". Tout est dit. Pour un patron, un entrepreneur encore davantage, c’est contre-nature de s’effacer. 

 
Il n’y a pas de règles sur la durée d'un mandat, mais des limites d’âge, qui varient selon les entreprises. Aujourd’hui, c’est toute une génération de patrons de grandes entreprises françaises qui passe la main, celle des baby-boomers, chez Valéo, Cap Gemini, la Société générale, Saint-Gobain ou encore Orange. Elle a eu à charge de mondialiser nos entreprises, et de composer avec le pouvoir croissant des marchés financiers. La suivante hérite d’un monde beaucoup plus chahuté et par les crises géopolitiques et par le changement climatique.

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