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ÉDITO - Instaurer une taxe carbone aux frontières de l'UE, une bonne idée ?

Lors de sa conférence de presse jeudi 9 décembre, Emmanuel Macron a annoncé que l'Europe devrait se doter d'une taxe carbone aux frontières. Un projet ambitieux mais difficilement réalisable.

Emmanuel Macron, en conférence de presse le 9 décembre 2021
Crédit : Ludovic MARIN / POOL / AFP
ÉDITO - Instaurer une taxe carbone aux frontières de l'UE, une bonne idée ?
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François Lenglet - édité par Théo Putavy
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Instaurer une taxe carbone aux frontières de l'Europe. Sur le papier, c’est une idée intéressante. Aujourd’hui, nous sommes dans une situation baroque. La France est un pays modèle dans le monde, sur le plan environnemental, grâce au nucléaire, qui n’émet pas de carbone. Et pourtant, notre vrai bilan carbone n’est pas bon, parce que nous importons la quasi-totalité des biens industriels que nous consommons. Ces biens sont fabriqués dans des pays qui polluent comme des brutes, la Chine par exemple, et en plus acheminés de l’autre bout de la planète dans des bateaux qui marchent au fioul. 

Ils ont donc un bilan carbone détestable. D’où l’idée de taxer ces produits lorsqu’ils arrivent en Europe, pour les pénaliser et corriger leur avantage déloyal par rapport à d’autres produits, fabriqués en Europe et plus propres, donc plus chers.

La différence de prix reste importance. C’est 30 à 40% de plus pour l’acier dit "vert", qui émet le moins de carbone. Cela voudrait dire une taxe équivalente à la différence. La taxe devrait être mise en œuvre de façon expérimentale à partir du 1er janvier 2023, sur quelques secteurs : l’acier justement, l’aluminium, le ciment, les engrais. 

Nos partenaires commerciaux font grise mine

Nos partenaires commerciaux critiquent le projet. L’Amérique d’abord, qui n’est pas vraiment au niveau en matière d’industrie propre, et qui menace implicitement de rétorsions commerciales. Mais aussi et surtout les pays pauvres, l’Inde, ou qui se font passer pour tels, la Chine, qui prétendent que ce dispositif les priverait de leur seul véritable avantage compétitif, le prix. "Autant nous interdire tout bonnement de commercer", disent-ils aux Européens. 

À écouter aussi

Les promoteurs de la taxe estiment que pour vaincre l’hostilité des pays pauvres, il faudrait en fait leur verser le produit financier de la taxe. Autrement dit, je taxe un produit chinois, et je verse à la Chine le montant de la taxe. Une aide destinée à moderniser son appareil de production… C’est généreux. Et on peut imaginer cela pour un pays en vrai besoin, en Afrique. Quant à faire financer le coût de la transition énergétique de l’industrie chinoise par le consommateur européen, là, il faut quand même pas pousser… On a déjà le nôtre à encaisser. L’autre problème de la taxe carbone, c’est aussi d’évaluer précisément les émissions carbones de l’exportateur, à partir desquelles on va fixer le montant de la pénalité.

Car nous n'avons pas encore la réponse. Cela peut varier considérablement au sein d’un même pays. Reprenons la Chine. Il y a là-bas des usines modernes et d’autres obsolètes. Dans certaines régions, on utilise de l’électricité verte, qui provient des barrages, et à cent kilomètres, c’est une centrale à charbon, archi-polluante. Il faudrait établir une sorte de certification, comment le faire pour les usines du monde entier ? 

Ultime casse-tête, il y a de nombreux produits qui intègrent des composants de plusieurs pays. Un téléphone par exemple, est quasiment toujours assemblé en Chine. Mais il fait avec un écran sud-coréen ou japonais, avec des composants optiques qui peuvent être allemands, des puces électroniques fabriquées à Taiwan ! Comment taxer un tel produit ? Faut-il considérer seulement la Chine, pays ensemblier, ou faire une moyenne pondérée des pays de provenance de toutes les pièces détachées ? Vous voyez qu’il y a de quoi nourrir une bureaucratie florissante.

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